Témoignage de Marie-Claude

Par Migraine Québec • Le 20 juin 2022


Chère migraine,

Je t’écris alors que nous avons passé toute la nuit et la journée ensemble. Nous sommes le soir et tu es d’ailleurs encore à mes côtés. Malgré toute la pharmacopée que je gère depuis vingt-quatre heures, tu ne consens pas à me quitter. Ne comprends-tu pas la douleur que tu m’infliges, le temps que tu me fais perdre et la qualité de vie que tu me voles?

Nos débuts

Nous avons officiellement fait connaissance un jour de mes dix-huit ans, mais tu me guettais déjà depuis ma tendre enfance. Du plus loin que je me souvienne, je terminais mes journées d’école primaire avec un mal de tête. Dès que j’ai été assez vieille, je ne sortais jamais sans mon acétaminophène et mon ibuprofène. Eh oui, à cette époque, une dose de l’un de ces médicaments suffisait à te faire prendre la poudre d’escampette.

Et plus j’avançais en âge, plus tu trouvais de raisons de me rendre visite : un repas manqué, ou simplement retardé, une mauvaise nuit de sommeil, une luminosité trop forte ou une contrariété. Ma mère m’emmenait consulter le médecin et on mettait ce « malaise » sur le dos du stress ou de la constipation. On ne faisait rien de plus.

Le diagnostic

Et puis, ce fameux jour de mes dix-huit ans, tu as décidé de frapper plus fort. Alors que j’étais au centre commercial, comme si j’avais regardé le soleil trop longtemps, des points de lumière ont clignoté devant mes yeux. Suivis de petits éclairs incandescents et du rétrécissement de mon champ de vision. Que se passait-il? Je n’en avais aucune idée. Surtout qu’aucune douleur n’a accompagné ni ne s’est pointée après ces manifestations. Je ne t’ai pas reconnue.

C’est quelque temps plus tard qu’un neurologue t’a diagnostiqué. En plus de me faire cesser la prise d’anovulants qui t’encourageait à apparaître. Alors que je venais de rencontrer l’amour de ma vie, tu commençais sérieusement à me pourrir l’existence.

Par contre, ultérieurement, les fois où tu t’es présentée à moi avec ces auras, une douleur atroce s’en est suivie. Elle s’étendait de la tête, au cou et parfois même jusqu’aux épaules. Elle se trouvait parfois accompagnée de vomissements. La peur s’est emparée de moi. Là encore, je ne te reconnaissais pas. Je me dirigeais vers l’hôpital, où on me disait que tu étais là, dans ma tête, et on me prescrivait des traitements par intraveineuse. Mais, où étaient les triptans à cette époque? Que je puisse me traiter tranquillement chez moi.

Le début de ma vie d’adulte

Je menais pourtant une vie normale à ce moment-là. La médication légère (toujours acétaminophène et ibuprofène) était toujours ma meilleure alliée contre toi. J’ai poursuivi mes études sans trop souffrir de ta présence quasi constante. Les auras étaient plutôt épisodiques. La douleur était gérable. Mes jours auprès de mon futur mari étaient agréables, nos activités, fréquentes. Tu me permettais même de boire de l’alcool. Les soirées bien arrosées étaient légion pendant mon cégep!

Plus tard

Tu t’es faite plus contraignante après mon premier accouchement. Tu restais parfois, trop souvent, plusieurs jours à mes côtés. Et moi, je tentais de vivre une vie normale malgré la douleur quasi constante. Plus le temps passait, plus ma pharmacie s’étoffait : triptans, codéine, anti-inflammatoires, relaxants musculaires.

Je cherchais des raisons à ton acharnement : stress (eh oui, encore lui), fatigue, apnée du sommeil, baisse de la vue. Et j’en passe! Je voulais des solutions. On m’en a proposé du côté de la médecine traditionnelle : médicaments prophylactiques et botox. J’ai exploré les médecines alternatives : massothérapie, acupuncture, chiropractie, ostéopathie et même, hypnose. J’en oublie sûrement!

Tu étais encore là, fidèle au poste. Et moi, j’essayais toujours de vivre une vie normale.

J’ai eu un autre enfant. J’ai continué à travailler. Mais je me suis épuisée. J’ai diminué à un temps partiel puis j’ai complètement arrêté. Je prends maintenant six médicaments différents par jour, en plus des antidouleurs. La dépression s’est pointée. Ma descente aux enfers débutait, mais je ne le savais pas encore.

J’ai tenté de modifier mon alimentation en éliminant les produits laitiers, le gluten et plus tard, le sucre. Ah? Le sucre! Tu l’aimes bien celui-là, n’est-ce pas? Stabiliser ma glycémie te tient éloignée de moi plus régulièrement et plus longtemps.

Le début de la fin

Cependant, tu n’avais pas dit ton dernier mot. Tu as découvert un nouveau moyen de te faufiler dans mon cerveau. De te trouver à mes côtés à chacun de mes réveils : le bruxisme nocturne. Que puis-je faire contre cela? À part piger, chaque matin, dans quelques-uns de mes pots de pilules. La plupart du temps, tu me laisses tranquille le reste de la journée. Mais parfois, tu refuses de partir, comme aujourd’hui.

Et puis, peu à peu, tu as pris plus de place. J’ai dû m’accommoder, ralentir, dire non à des activités avec ma famille. C’est là que tu m’as le plus nui. Ma vie familiale et conjugale s’est dégradée, jusqu’à se détruire.

Je t’affronte seule à présent, essayant d’adapter ma vie de mère monoparentale à ma réalité de femme malade. Je suis maintenant travailleuse autonome, ajustant mon rythme de travail et mes horaires à mon état de santé.

-Marie-Claude


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MARYSE
MARYSE
il y a 1 année

Marie-Claude, votre beau témoignage me touche beaucoup. Nos vies migraineuses se ressemblent et j’ai suivi presque le même chemin que vous au niveau des médicaments testés et autres types de traitement. Je ne sais pas si cela peut vous aider mais lorsque j’ai commencé à avoir de grosses migraines au réveil, une collègue de travail m’a conseillé les exercices pour les yeux à faire au lit, dès le réveil. Je les fais aussi régulièrement le soir et avec le botox et les médicaments, je pense que cela m’a aidé. Bonne chance et prenez soin de vous
Maryse