Sur les réseaux sociaux, on voit un paquet de belles images. On regarde avec envie les clichés léchés, suggérant le parfait bonheur quotidien. Mais on ne voit pas les coulisses.
On ne voit pas le coin en désordre qui n’est pas dans le cadre de l’appareil-photo. Le mur avec la patch de plâtre. On ne voit pas les enfants qui ne veulent pas collaborer, qui boudent, qui refusent de sourire.
C’est amer de publier cette photo ce matin. La classique photo « jour d’école d’Halloween ». Parce que derrière elle, moi je sais qu’on s’est chicanés ce matin. C’est pour ça que je n’arrivais pas à la publier sur mon compte Facebook et que je suis plutôt en train d’écrire ce billet.
Je suis une maman douce, patiente, à l’écoute, qui ouvre constamment le dialogue avec son fils. Qui donne beaucoup, parfois trop.
J’ai demandé à mon fils qu’on prenne des photos avant qu’il ne parte à l’école, pendant que sa chemise était encore blanche (!). Il ne collaborait pas, ne se tenait pas debout, se laissait glisser au sol. Je lui ai proposé une pose classique de Michael Jackson, mais on ne se comprenait pas. Là, je me suis fâchée. Il s’est mis à pleurer. Géniale, la séance photo.
Il faut savoir que mon fils est né le 29 octobre. Hier, sachant que la classique fête d’enfants était impossible avec la COVID, j’ai voulu lui faire une surprise. J’ai emballé ses cadeaux, je lui ai cuisiné et décoré un gâteau, je lui ai fabriqué une carte, on a été cherché le repas chez son fast-food préféré. Et pendant qu’on jasait, j’ai continué à coudre le gant pailleté pour ce matin. J’ai passé des heures sur ce gant depuis mercredi, jour où il a enfin su en quoi il voulait se déguiser.
Après tous ces efforts pour lui faire plaisir, qu’il ne fasse pas l’effort de me faire plaisir en prenant des photos pour immortaliser le costume, ça a fait déborder le vase.
On s’est parlé, on a « effacé la chicane » (un petit geste que j’ai inventé), on s’est fait un câlin. Il est parti à l’école d’un pas léger.
Moi, mon cœur est encore lourd. Pas tant par la culpabilité d’avoir haussé le ton, on l’a adressée. C’est ma difficulté à mettre des limites avec lui qui me frappe ce matin. C’est l’excès d’action pour que ses anniversaires soient mémorables. C’est les costumes toujours à la dernière minute, mais que j’accepte de faire sachant que je vais être squeezée dans le temps avec son anniversaire. C’est de donner, donner, en m’oubliant là-dedans.
Mon conditionnement interne me dit que c’est ça, une maman. Mais mon cheminement m’apprend à mettre des limites saines ailleurs dans ma vie, car quand je ne le fais pas, la migraine vient les mettre pour moi.
C’est comme si à chaque anniversaire, chaque fête, Halloween, Noël, j’essayais de compenser tous les « Non mon amour, je suis trop fatiguée », «J’ai trop mal à la tête », « Peux-tu baisser le son stp ? », « Plus tard, je dois me reposer avant » de l’année. Mon incapacité à dire « c’est assez » est propulsée par la culpabilité de ce que la migraine fait vivre à notre famille.
Je réalise qu’en fin de compte, ce n’est pas gagnant ni pour lui ni pour moi ce mécanisme de compensation. Ça fait une maman surmenée qui ne profite pas du jour J. Qui finit par imploser ou exploser et doit ensuite ramasser les pots cassés pour les recoller. En terminant ces lignes, je suis déterminée à faire autrement, l’an prochain. Pour lui, et pour moi.
Joyeuse Halloween de la part d’une maman qui fait tomber son masque !
-Mélissa
Ton texte est très touchant et quoique je n’ai pas d’enfant à costumer, je suis certaine qu’à chaque année, chaque fête ou anniversaire, tu dois y mettre toute ton énergie et ta volonté à faire plaisir malgré la migraine qui, elle aussi, est en coulisse. Sache que tout ce que tu fais, malgré quelques pleurs ou mésententes, vient de l’amour que tu as en toi et que tu donne à ton garçon, de manière généreuse et créative, jour après jour. Merci pour ton très beau texte.
Merci pour ton message Maryse, ça me touche vraiment.