Faire son deuil

Par Maryse Loranger • Le 29 novembre 2021


En parlant avec quelqu’un hier, j’ai réalisé combien de personnes très significatives j’avais vu quitter ce monde au cours de ces dernières années. J’ai eu l’opportunité d’accompagner ma sœur bien-aimée jusqu’à son dernier souffle. J’ai eu la chance d’être présente dans les derniers mois de vie de mon père jusqu’à son dernier souffle. Peu de gens ont cette expérience d’accompagnement. On peut voir ça comme une expérience privilégiée puisque l’on tient la main d’une personne que l’on a connue, aimée et dont la personnalité a pu teinter la nôtre. On en garde toujours un petit bout. On a appris et on a pris.

Lorsque notre cœur pleure la perte d’un proche, nous vivons l’un des passages les plus difficiles de la vie. Devant ce genre de douleur émotionnelle, nous avons tendance à intérioriser l’amplitude de la situation et de ce que nous ressentons. Il y a cette expression qui dit que le temps arrange les choses. Personnellement, je porte toujours cette lourdeur au creux de mon cœur lorsque je pense à mes pertes. J’aurais eu besoin de partager l’immensité de ce que signifiait la situation d’accompagnement d’une personne vers la mort. J’aurais eu besoin de soutien dans les temps qui ont suivi son départ. J’ai géré le tout du mieux que j’ai pu et que j’ai su à ce moment-là. Toutefois, je savais que cette peine avait grandement besoin de mon attention et de mon énergie bienveillante pour ME faire du bien et manifester de la compassion envers moi-même. J’ai alors choisi de la canaliser sous forme artistique. Un projet qui m’a permis d’exprimer avec mon médium (qui était à l’époque, la danse contemporaine), la douleur, le doute, l’anxiété et la renaissance.

Dernièrement, j’ai écrit ces quelques lignes sur une autre facette du deuil.

Lorsque le train du deuil entre dans la gare, il amène toutes les voitures avec lui.

Parce que nous n’avons pas de langage pour le deuil ou que nous ne vivons pas dans une société qui l’honore, beaucoup d’entre nous ne savent pas quoi faire avec le deuil. Alors on fait ce qu’on sait faire : on l’enfouit quelque part entre les plaisirs du boire et du manger, le travail, nos occupations, notre corps, etc.

Si vous êtes comme moi, vous vous épanouissez dans la créativité, les nouveaux apprentissages, la structure, en partie parce que vous ne voulez pas vous sentir impuissant(e) et parce qu’il est difficile de faire face à certains deuils.

La maladie de la migraine nous oblige à faire des deuils et à renoncer à certains aspects de notre vie. Toutefois le renoncement a aussi son avantage. L’on doit renoncer pour être capable de PRIORISER.

Le deuil est donc une expérience de perte. Il est souvent associé au décès d’une personne, toutefois on peut vivre un deuil suivant n’importe quelle perte importante de notre vie. Par exemple, le sentiment de deuil est très fort suivant un diagnostic d’une maladie comme la migraine. Vient avec, des changements importants, que ce soit au niveau de l’emploi, du style de vie, des relations, des projets, des rêves et aspirations.

Chaque personne étant différente et unique, il y a différentes façons de vivre le deuil, tout aussi complexe et unique. Les émotions, les pensées, les réactions et les défis liés à un deuil sont tout à fait personnels. Avec le temps, selon les circonstances, l’intensité du deuil peut varier. Par exemple, pour moi, la période des fêtes fait rejaillir des émotions et des sentiments très profonds. C’est un moment clé pour pratiquer de la compassion envers moi-même et reprendre mon équilibre ébranlé par mes pensées et mes sensations.

Quelle que soit votre perte personnelle, si vous êtes en deuil et que vous ressentez de la tristesse et de la douleur, comprenez qu’il est extrêmement important de reconnaître et d’écouter ce que vous ressentez. Aussi déroutants ou chaotiques que soient vos sentiments, écrire à leur sujet, employer le dessin, l’art créatif, le mouvement ou le chant vous aidera à transformer la douleur en croissance et en sagesse face à la vie. Et si orienter nos aspirations vers un moteur de créativité nous permettait de nous exprimer du plus profond de notre cœur et de notre âme? Et si nous en ressortions plus fort de pouvoir raconter notre propre histoire sur notre perte et de mieux comprendre notre expérience?

Et vous, de quelle façon vivez-vous vos deuils?

Maryse


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