Hystérectomie et migraine : à quoi faut-il s’attendre?

Par American Migraine Foundation • Le 23 février 2022


Date de publication : 15 novembre 2015

Par Susan Hutchinson, M.D.

Cet article a été traduit de l’anglais avec l’autorisation expresse de l’American Migraine Foundation et ne peut être copié ou reproduit sans son autorisation écrite. Pour lire l’article original, cliquez ici.


Points à retenir

  • L’hystérectomie est l’ablation chirurgicale de l’utérus. Cette opération peut également impliquer l’ablation du col de l’utérus, des trompes de Fallope, des ovaires, des ganglions lymphatiques et de certaines parties du vagin.
  • Les ovaires produisent des niveaux variables d’œstrogène et de progestérone. L’utérus et le cerveau réagissent tous deux à ces variations. Environ deux femmes qui souffrent de migraine sur trois subissent leurs pires crises pendant leur menstruation.
  • La ménopause chirurgicale entraîne une chute d’hormones dramatique et immédiate. Cela aggrave la migraine chez deux femmes sur trois. À l’inverse, une ménopause naturelle mène à une amélioration de la migraine chez deux femmes sur trois.
  • Afin de réduire les risques de complications de vos maux de tête, prenez en considération les recommandations qui suivent avant votre opération.

En guise d’introduction : qu’est-ce l’hystérectomie?

L’hystérectomie est une opération chirurgicale visant à faire l’ablation (ou retrait) de l’utérus chez la femme. L’hystérectomie peut être partielle ou totale. Une hystérectomie partielle ou subtotale implique l’ablation de la partie supérieure de l’utérus, soit le corps de l’utérus. Le col de l’utérus n’est pas retiré. Ce terme est également utilisé pour indiquer la conservation d’au moins un ovaire. Dans une hystérectomie totale ou complète, il y a ablation de l’utérus et du col utérin. Ici aussi, lorsque le terme est utilisé correctement, les ovaires sont conservés. Les raisons pour pratiquer une hystérectomie sont nombreuses, et il en va de même pour les procédures utilisées. L’opération implique souvent l’ablation des trompes de Fallope et des ovaires. Techniquement, il ne s’agit pas alors d’une hystérectomie, mais plutôt d’une salpingo-ovariectomie bilatérale (SOB). Dans le cas d’un cancer, l’hystérectomie radicale implique également l’ablation des ganglions lymphatiques et de certaines parties du vagin. Il importe de connaître précisément le type d’hystérectomie prévu. Vous devez donc aborder les détails de votre opération avec votre équipe de soins.

Utérus et hormones ovariennes

L’utérus ne produit pas les hormones sexuelles femelles, l’œstrogène et la progestérone. Ce sont plutôt les ovaires qui en sont responsables. Chez la femme, entre l’apparition des premières règles et la ménopause, les niveaux d’œstrogène et de progestérone varient tout au long du cycle menstruel. Le phénomène se produit tant que les ovaires sont présents, peu importe si l’utérus est présent ou non. La baisse d’œstrogène qui survient juste avant les menstruations est un important déclencheur de migraine menstruelle chez la plupart des femmes migraineuses. Si l’utérus n’est pas responsable de la production de l’œstrogène et de la progestérone, il demeure influencé par ces hormones. L’œstrogène favorise l’épaississement de la muqueuse utérine chaque mois, afin de la préparer en vue d’une éventuelle grossesse. La progestérone stabilise la muqueuse utérine. Si aucun ovule ne s’implante dans la muqueuse, les niveaux d’œstrogène et de progestérone diminuent grandement à la fin du cycle menstruel. Lorsque l’utérus est intact, il y a alors des saignements. L’absence d’utérus entraîne la fin des menstruations.

Migraine et dérèglement hormonal

La migraine menstruelle est attribuable à une sensibilité des centres de la douleur dans le cerveau aux variations des niveaux hormonaux, en particulier de l’œstrogène. Ces épisodes de maux de tête pendant les règles sont souvent les pires à survenir dans le mois. Quant à la progestérone, ses effets et son rôle dans la migraine sont moins certains. Des chercheurs sont toujours à l’œuvre pour tenter d’améliorer notre compréhension des variations d’œstrogène et de progestérone chez les gens qui vivent avec la migraine.

Dans le cas d’une hystérectomie où au moins un ovaire est conservé, le cycle des hausses et des baisses des niveaux d’œstrogène et de progestérone se poursuivra. Une telle opération ne laisse présager que peu de changement dans le cycle habituel d’une migraine.

Lorsque qu’une femme subit une salpingo-ovariectomie bilatérale (SOB), les hausses et les baisses des niveaux d’œstrogène et de progestérone cessent. Cette femme devrait alors constater une amélioration si elle souffrait d’une migraine menstruelle avant son opération. C’est du moins l’issue qui semble logique, surtout chez la femme ayant des déclencheurs hormonaux. Cela dit, SOYEZ VIGILANTES. La SOB entraîne une chute spectaculaire des taux d’œstrogène et de progestérone. Une telle chute peut avoir un effet dévastateur sur la migraine.

Des études se sont penchées sur les effets de la ménopause sur la migraine. Le type de transition vers la ménopause semble jouer un rôle. Les femmes migraineuses « propulsées » dans la ménopause à la suite d’une SOB présentent souvent les pires pronostics. Celles qui opèrent une transition plus « douce » avec une diminution progressive de la production d’œstrogène et de progestérone par leurs ovaires s’en tirent habituellement mieux. Les statistiques démontrent que deux femmes sur trois constatent une amélioration de leur migraine lorsqu’elles vivent une transition naturelle vers la ménopause. Seulement une femme sur trois observe une amélioration lorsque cette transition survient dans le contexte d’une opération, soit après l’ablation des ovaires.

Parler de l’hystérectomie avec son chirurgien

Plusieurs raisons médicales justifient une hystérectomie : saignements abondants et prolongés, cancer de l’utérus ou des ovaires, endométriose sévère ou présence de gros fibromes utérins. Il n’est donc pas toujours possible d’éviter cette opération. Par contre, une femme aux prises avec la migraine peut faire quelques démarches pour l’aider à prévenir une détérioration grave de ses symptômes. Voici quelques recommandations :

  • Parlez avec votre médecin pour savoir si vous conserverez vos ovaires. Dans la plupart des cas, cela permet d’éviter une chute soudaine de l’œstrogène et de la progestérone. Conserver les ovaires peut également contribuer à prévenir les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes, l’insomnie, la sécheresse vaginale et les risques accrus d’ostéoporose qui accompagnent couramment la ménopause.
  • Si les ovaires doivent être retirés, informez-vous s’il est possible d’appliquer un timbre transdermique d’estradiol (comme un timbre Vivelle) immédiatement après l’opération, afin de prévenir une chute draconienne de l’œstrogène. Ce procédé est appelé un traitement additif d’œstrogène. Les traitements à l’œstrogène administrés autrement que par voie orale peuvent être plus efficaces que ceux administrés par voie orale pour normaliser les taux d’œstrogène (un facteur important dans la prévention de la migraine).
  • Si la prise d’œstrogène est contre-indiquée après votre opération, commencez un traitement préventif oral bien avant l’opération pour prévenir la migraine post-hystérectomie. Si vous suivez déjà un tel traitement, envisagez d’en augmenter la dose. Une bonne option pourrait être un bêta-bloquant ou un antiépileptique, la gabapentine ou encore un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) comme la venlafaxine (Effexor) ou la duloxétine (Cymbalta). Ces médicaments sont connus pour entraîner une baisse des symptômes vasomoteurs comme les bouffées de chaleur et possiblement pour prévenir la migraine.

Migraine et hystérectomie : un résumé

De nombreuses femmes qui vivent avec la migraine doivent subir une hystérectomie. Cela dit, cette opération ne devrait JAMAIS avoir pour seul objectif de soulager la migraine. Faites le choix de conserver vos ovaires, à moins qu’il y ait présence d’un cancer ou risque élevé de cancer des ovaires. Une préparation hâtive faisant une place à la gestion de la migraine peut contribuer à diminuer les effets négatifs d’une hystérectomie sur la migraine.

–Susan Hutchinson, M.D., directrice, Orange County Migraine & Headache Center, Irvine, Californie


Cet article a été révisé par des experts du domaine, des spécialistes des céphalées et des conseillers médicaux ayant une connaissance approfondie et une vaste expérience de la médecine des céphalées au sein de l’organisme American Migraine Foundation. Cliquez ici pour connaître les membres du comité de rédaction.


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