L’art de lâcher prise

Par Marie-Eve Branconnier • Le 17 février 2022


Je me rends de plus en plus compte que le concept de « lâcher-prise » est plus souvent qu’autrement difficile à intégrer pour la majorité des gens. Qu’il ne suffit pas simplement de se dire « je ne me laisse pas affecter par ce que je ne peux contrôler », que justement c’est facile à dire, mais ardu à faire. Ce doit être pour ça qu’on appelle ça un art. Je me rends compte également que j’ai cette grande chance, j’ai trouvé le pinceau qui permet de créer le « lâcher-prise ». Suis-je née avec un sens du je-m’en-foutisme plus acéré que les autres? Je ne crois pas.

Pourquoi on m’entend souvent donner des conseils à mon entourage à coup de « éloigne-toi de la situation », « tu ne peux rien y changer », « tu prends personnel quelque chose qui ne l’est pas, le réalises-tu ? », « pourquoi te causer de l’anxiété pour quelque chose qui n’est pas encore arrivé et qui n’arrivera peut-être jamais? ». Je ne suis pas meilleure que personne, pas plus sage, pas plus expérimentée que quiconque, pourquoi un événement externe ne m’affecte-t-il pas autant? Pourquoi lorsque le contrôle ne m’appartient pas, je suis tout de même en paix? Pourquoi suis-je autant pragmatique? Pourquoi l’inconnu ne me fait-il pas peur? Ai-je toujours été ainsi? Ha!

La réponse est non.

Je me souviens de longues nuits d’insomnie. De crises d’hyperventilation. Je me souviens de grands moments de doutes. De grands monologues internes. D’analyses sans fin et sans solution. Je me souviens de tant de moments où je cherchais des explications inatteignables.

Je me souviens moi aussi d’avoir été essoufflée, si essoufflée.

Un jour, et comprenez-moi bien, ça ne s’est pas fait en claquant des doigts, il semblerait que j’ai arrêté de courir après mon air. J’ai commencé à simplement respirer.

J’ai maîtrisé l’art du lâcher-prise.

Et si lâcher prise était plus simple qu’on pensait? Arrête donc de nager frénétiquement, tu ne vas pas te noyer. Le savais-tu que tu n’étais même pas dans l’eau?

Regarde autour de toi, vois ce qui est tangible, ce que tu peux voir, toucher. Comprends ce qui est véritable, pas ce que tu crois être la vérité, mais bien ce qui est irrévocable. Vois la différence entre ta perception et la réalité. Et appuie-toi sur cette réalité, c’est ça ton ancrage.

Et accepte.

Accepte-la cette réalité qui t’est propre. L’accepter ne veut pas dire ne pas pouvoir espérer mieux, ne plus rêver. C’est plutôt accepter qu’aujourd’hui, si tu ne peux rien changer… tu ne peux rien changer.

J’ai encore des craintes irrationnelles, je l’ai dit, je ne suis pas meilleure que personne. Par exemple, j’ai peur dans l’avion, mais j’adore voyager, alors je prends l’avion. La crainte monte en moi à chaque décollage et atterrissage, mais aussi macabre que ça puisse paraître, à chaque fois je me récite : « quand bien même tu mourrais dans cet avion, actuellement tu ne peux pas en sortir ». C’est ça la réalité, à ce moment je suis en vie et je ne peux pas sortir de l’avion. Point.

Croyez-moi sur parole, l’acceptation est tellement révélatrice et réparatrice à la fois. De l’insomnie, je n’en fais plus, ni des crises d’hyperventilation. Les doutes sont derrière moi et les réponses sont toutes trouvées. Accepter, c’est un pouvoir qu’on a tout un chacun. C’est quelque chose sur lequel on a réellement le contrôle. J’accepte ce que la vie m’envoie, me pousse, me garroche, et ça ne fait pas de moi quelqu’un de neutre ou de vanille.

Ça fait de moi quelqu’un dans le présent.

Encore une fois, je sais, facile à dire… Et si ça pouvait aussi être facile à faire?

(Ce texte ne se veut pas une idolâtrie à la pensée magique, mais plutôt une réflexion sur la reprise de notre propre pouvoir, qui selon moi débute par l’acceptation.)

Marie-Eve


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Mélissa
Mélissa
il y a 2 années

Wow Marie-Ève, comme j’aimerais emprunter ton pinceau! Cet art, je suis encore bien loin de le maîtriser. Ton texte m’inspire!