C’est quoi le bonheur pour toi? Je me suis souvent posé cette question entre deux crises de migraine et même pendant une attaque de douleur lancinante, aux petites heures de la nuit. Moment où même la seule lueur qui provenait de l’éclairage de la rue, combinée aux bruissements de mes draps rafraîchissants, devenait un supplice comme si une marée d’encre noire s’emparait de tout mon être intérieur. Avec l’incessante répétition des crises de céphalées et de migraine pendant des années, je me suis souvent dit que le bonheur était pour les autres, qu’il n’était qu’un mot indéfinissable pour moi et que je ne parviendrais pas à en connaître l’essence ou même à y apercevoir ses traits aussi incertains que la face cachée de la lune.
Pendant longtemps, ce qui me semble une éternité maintenant, mon attention, aussi grande que le déploiement des ailes d’une oie du Japon dans son envol, était tournée vers l’écoute de mon corps qui me nourrissait pourtant que de douleurs, de carences, de grande tristesse et de déceptions. Très rarement, je m’accorderais de l’espace pour aller ailleurs vers ce lieu où l’on peut se donner la permission de se connecter avec soi, faire abstraction de ce que la société nous inculque comme croyance de ce qui est le bonheur, comme un espace de vie en condo avec piscine intérieure et BBQ sur la terrasse commune, des billets de spectacle pour un show rock au Centre Bell ou un forfait vacances dans un tout inclus paradisiaque dans les Caraïbes. Qu’est-ce que l’on pourrait bien se dire et même s’avouer en toute honnêteté si réellement, on se posait la question franchement et aussi sérieusement que lorsque nous nous demandons quoi cuisiner pour souper ou quoi mettre dans notre petit sac en prévision d’un court séjour dans les Laurentides? Qu’est-ce qui est le bonheur pour moi?
Tout change
En fait, la définition du bonheur n’est pas universelle pour tout le monde. Le sentiment de bonheur ou la sensation, diront celles et ceux qui sont puristes au niveau du langage, est vécue, sentie et enracinée au plus profond de chacun·e de nous selon une palette de formes et de couleurs distinctes. Que ce soit à la manière d’une valse écrite sur mesure à la noire ou à la blanche pointée, dont la cadence rythmée ternaire nous permet de déplacer nos pas en tournant sur soi-même, ou à la manière d’explorer l’impressionnisme à la Monet en passant par l’art abstrait de Kandinsky, tout change, même notre perception du bonheur. Notre intuition accompagnée de tous nos sens tels que les sons, les odeurs, les images qui se créent naturellement grâce à notre hémisphère droit du cerveau, nous permet de définir notre bonheur en étant conscient·e de ses mouvements. Grâce à cette valse, notre système limbique marque le rythme de nos émotions puis les aide à migrer vers nos mémoires où logent les empreintes de nos expériences passées. Et là, seulement là, dans ce processus de voyage à travers notre corps, pouvons-nous trouver NOTRE bonheur.
Pistes de réflexion
Je vous partage deux citations de Jean D’Ormesson (1925-2017), écrivain et philosophe, qui me parlent particulièrement:
Citation 1
Ce qu’il y a de mieux dans ce monde,
de plus beau, de plus excitant,
ce sont les commencements.
L’enfance et les matins ont la splendeur des choses neuves. L’existence est souvent terne.
Naître est toujours un bonheur.
Citation 2
Tout le bonheur du monde est dans l’inattendu.
Comment voyez-vous le bonheur, votre bonheur? Est-il un amalgame de commencements et d’inattendus? Est-ce votre renaissance à chaque respiration, ces moments de grâce qui vous poussent vers un élan de créativité, ces silences partagés avec les êtres qui vous comprennent et vous respectent par pur amour? Ou bien tous ces moments de communion et de partage avec vos êtres chers que ce soit des humains ou des poilus? Ou encore la beauté et l’émerveillement que la nature nous offre chaque jour, chaque heure et chaque seconde?
Maintenant, je sais que mon bonheur ne se trouve pas là où il y a le plus de bruit ou d’action. Le mien se trouve dans les silences tels la suspension du souffle dans l’inspiration, juste assez pour sentir la vague de bien-être, avant d’expirer vers une autre suspension de mon souffle. Il est dans mon silence intérieur qui écoute ma propre nature afin de réaliser mes élans.
Hier, j’ai ressenti du bonheur en riant avec des gens autour d’un bon déjeuner. Un élan de rire et une vague de partage m’ont procuré du bonheur. Ce matin, j’ai couru 30 minutes dans la forêt à la pluie pour plonger tête première dans un lac refroidi par une nuit à 9 degrés Celsius. Cet élan m’a procuré du bonheur. Demain, je ne sais pas de quoi il sera composé, mais je suis confiante que l’inattendu et l’émerveillement lèveront leurs mains pour me dire « PRÉSENTS ». Et lorsqu’ils se manifesteront, je saurai que le bonheur est à mes côtés.
Avec douceur,
Maryse Loranger
Très beau
Merci Alex. Ton commentaire fait ma journée! 😉