Il est normal pour toute personne vivant avec la migraine de se questionner sur la cause de cette condition et de chercher à identifier les possibles déclencheurs des crises. Des liens ont été établis entre des facteurs génétiques, les habitudes de vie et la migraine. Il est donc possible de mieux comprendre ce qui cause la migraine et d’identifier certains déclencheurs.
Qu’est-ce qui cause la migraine?
La migraine était autrefois considérée comme une condition du système vasculaire. La communauté scientifique reconnaît maintenant que cette condition implique aussi le système nerveux. La migraine est en fait un trouble lié à une excitabilité neuronale anormale, ce qui veut dire que les neurones des personnes atteintes de migraine sont plus sensibles. Cette plus grande excitabilité des neurones irrite les terminaisons nerveuses, qui sécrètent des protéines inflammatoires et créent un environnement inflammatoire. Ceci entraîne une dilatation des vaisseaux sanguins. La migraine est donc une condition dite neurovasculaire. Elle est influencée par la génétique et l’environnement. Ainsi, la personne atteinte de migraine a habituellement une prédisposition génétique, et son mode de vie pourra également avoir un impact sur la maladie. Plusieurs questions demeurent toutefois sans réponse au sujet des causes de la migraine.
Les déclencheurs
Un déclencheur est un élément qui entraîne l’apparition de la crise de migraine. Les déclencheurs les plus fréquents sont le stress, la fatigue, la prise de repas à des heures irrégulières et le manque de sommeil. Ces facteurs ont été identifiés comme étant des déclencheurs de migraine chez 74% à 84% des personnes atteintes de migraine dans une étude sur les déclencheurs.3
Les changements météorologiques, une surcharge sensorielle, les fluctuations hormonales, la chaleur, l’alcool, certaines odeurs et certains aliments sont aussi fréquemment rapportés comme déclencheurs de migraine.
L’alimentation peut-elle déclencher des crises de migraine?
Selon diverses études, les déclencheurs alimentaires peuvent provoquer jusqu’à 60% des épisodes de migraine. Une étude réalisée en 2018 identifie les aliments suivants comme étant les plus susceptibles de contribuer à l’apparition de la migraine4 :
- La caféine
- Les édulcorants artificiels
- Les produits laitiers
- Le gluten
- Les nitrites
- Les monoamines biogéniques comme la tyramine
- L’alcool
- Le chocolat
- L’umami
- Le glutamate monosodique
Notez qu’il est rare qu’un aliment soit l’unique cause du déclenchement d’une migraine, mais il peut y contribuer.3
Attention à la surutilisation de médicaments
La surutilisation de médicaments contre la migraine ou antidouleurs est fréquente chez les personnes atteintes de migraine chronique et peut avoir un effet dans la persistance de la migraine. C’est aussi le plus grand facteur de risque dans le développement de la migraine chronique.6
Qu’est-ce que la surutilisation de médicaments? Une étude publiée dans The Lancet Neurology8 la qualifie par l’une ou l’autre des fréquences d’utilisation suivantes :
- Triptans, ergotamines, analgésiques combinés ou opioïdes au moins 10 jours par mois, pendant au moins 3 mois;
- Analgésiques simples au moins 15 jours par mois pendant au moins 3 mois;
- Barbituriques 5 jours par mois;
- Opioïdes 8 jours par mois.7
Si vous croyez faire une surutilisation de médicaments, il est important d’en discuter avec votre médecin, car les études indiquent que cela peut contribuer à faire persister la migraine.
La prévention des crises de migraine
Bien qu’il ne soit pas possible d’avoir le contrôle sur certains déclencheurs (ceux liés à la météo ou aux changements hormonaux, par exemple), il est possible d’avoir un impact sur quelques-uns d’entre eux. Plusieurs déclencheurs sont liés à une perturbation de l’homéostasie, comme un changement de l’horaire de sommeil, de l’alimentation, de la consommation de caféine ou d’autres habitudes de vie. Une saine alimentation, la prise de repas à des heures régulières, un horaire de sommeil stable, la pratique régulière d’activité physique et une consommation limitée voire nulle de caféine (moins de 200 mg/jour ou 2 tasses de café), contribuent à réduire la fréquence et l’intensité des crises de migraine.8
Révision médicale : Heather Pim, MD, MSc, FRCPC
Références
- Inserm – La science pour la santé. (2021, 03 04). Migraine – Une maladie de mieux en mieux connue. Récupéré sur Inserm – La science pour la santé: https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/migraine
- Goadsby, P. J., Holland, P. R., Martins-Oliveira, M., Hoffmann, J., Schankin, C., & Akerman, S. (2017). Pathophysiology of migraine: a disorder of sensory processing. Physiological reviews.
- Spierings, E. L., Donoghue, S., Mian, A., & Wöber, C. (2014). Sufficiency and necessity in migraine: how do we figure out if triggers are absolute or partial and, if partial, additive or potentiating?. Current pain and headache reports, 18(10), 455
- Marmura, M. J. (2018). Triggers, protectors, and predictors in episodic migraine. Current pain and headache reports, 22(12), 81
- Finocchi, C., & Sivori, G. (2012). Food as trigger and aggravating factor of migraine. Neurological Sciences, 33(1), 77-80
- May, A., & Schulte, L. H. (2016). Chronic migraine: risk factors, mechanisms and treatment. Nature Reviews Neurology, 12(8), 455.
- Charles, A. (2018). The pathophysiology of migraine: implications for clinical management. The Lancet Neurology, 17(2), 174-182.
- National Headache Foundation. (2007, 10, 25). Weekend Headache. Récupéré sur National Headache Foundation: https://headaches.org/2007/10/25/weekend-headache