Apprendre à voler… en volant!

Par Maryse Loranger • Le 19 août 2021


En raison de la nature de mes activités professionnelles (kinésiologie et enseignement) et de ma passion pour les techniques holistiques du mouvement (Méthode GYROTONIC® et danse), je suis familière avec le processus d’exploration du « quoi » et à quel point il peut être déconcertant d’en cerner le « comment ». Pourtant, c’est bien ce dernier qui donne du panache au premier, lui offrant ainsi davantage qu’une réponse théorique sortant de manuels pédagogiques.

Par exemple, lorsqu’on débute une carrière dans le domaine de l’enseignement au niveau scolaire, on a tout un bagage de connaissances théoriques (je dirais même plusieurs valises!). On a appris sur quoi est construit l’art d’enseigner dans son sens large, quoi inculquer comme matière et quoi accorder comme temps pour transmettre la matière sous forme d’horaire et d’échéancier. On a aussi appris quoi faire comme gestion de classe, quoi adopter comme système disciplinaire, quoi faire en cas d’urgence, quoi dire lors des rencontres de parents, quoi faire… quoi dire… quoi comprendre… et quoi penser.

Ayant mis en veilleuse mon métier d’enseignante dans les écoles pour orienter ma pratique vers une méthode de mouvements en pleine conscience, la méthode de mouvement Gyrokinesis (et je me doute bien que vous vous demandez : c’est quoi?) les mêmes questions reviennent. Le point de départ de cette nouvelle passion a été colorée du c’est quoi ça?

Il y a aussi les autres « quoi » qui naissent de la bouche de ceux qui m’ont offert généreusement leur attention et qui m’ont questionnée sur ma pratique et mon approche. Il arrive que nos projets puissent en préoccuper plus d’un, à savoir en quoi ils sont pertinents et en quoi ils peuvent contribuer à la communauté. Les formations que l’on suit suscitent la question : en « quoi » elles consistent?

Afin de ne pas tomber dans le piège de donner une réponse toute faite ou sortant d’un livre, il est intéressant d’aller au-delà de la définition et d’amener l’interlocuteur plus loin dans la réflexion vers la découverte du « comment ».

Est-il possible de répondre au « quoi en passant par le comment » et de guider l’attention vers la connexion à l’expérience directe en faisant appel à ce qui est plus proche de nous et commun à tous, nos sens? Par exemple :

  • Comment respire-t-on lorsqu’on fait une activité physique ou du mouvement?
  • Comment le mouvement peut-il m’aider à gérer la migraine, les céphalées, la fatigue?
  • Comment se déroule une séance de mouvements doux Gyrokinesis?
  • Comment se sent-on après un moment à marcher dans la nature, à contempler les arbres ou à écouter le chant des oiseaux?
  • Comment est-ce que m’activer peut m’apporter du réconfort et de la confiance?

C’est ce désir d’aller plus loin que la définition pure et simple qui me motive à répondre aux questions de tous et toutes, chaque personne ayant inévitablement des besoins et des intérêts différents, surtout lorsqu’il est question de l’exercice physique et du bien-être qu’il procure.

On peut autant se tourner vers une activité physique pour détendre son corps que pour sentir ses muscles travailler. On peut être attiré par une activité de plein air dans le but de faire de l’observation et de la contemplation ou opter pour de la randonnée au parc de la Gaspésie pour sentir son cœur battre à plein régime en montant une montagne. Tout est bon. Il n’y a pas de mauvaise activité physique. Il n’y a pas d’activité physique qui ne puisse nous permettre de gérer notre migraine. Il y a seulement des activités qui nous apportent du plaisir et du bonheur et qui nous amènent à nous découvrir toujours un peu plus.

Par exemple, bien avant d’étudier la biomécanique du mouvement, il est avantageux d’explorer la pratique du mouvement avec le rythme pour se laisser aller à l’éveil de nos sens et faire fondre les restrictions : s’exprimer dans toute notre unicité, se sentir bouger libre de limitations, s’observer de l’intérieur. L’action intégratrice de notre savoir, de notre savoir-faire et de notre savoir-être n’est-elle pas un facteur de motivation assez puissant pour nous éveiller à la curiosité de se redécouvrir et de renouer avec la connaissance de soi?

Trop souvent, nous recueillons des informations sur un sujet qui présente la possibilité de nous intéresser ou sur une activité physique qui semble avoir le potentiel de nous plaire. Cependant, la seule lecture ou la simple écoute des informations portant sur le sujet ne saurait être suffisante pour susciter la motivation à faire le pas de plus pour aller plus loin. C’est encore plus évident lorsque le sujet revêt un concept unique et nouveau. Nous manquons de références, de repères pour interpréter ce que nous recevons comme information. Plus souvent qu’autrement, notre intérêt se dissipe ou on remet le projet à plus tard… jusqu’à ce que nous entrevoyions la possibilité de mieux comprendre ce « quoi » par l’entremise du témoignage de quelqu’un qui nous en fait part du point de vue de l’expérience, son expérience!


Notre bagage ne se limite pas à notre savoir mais à toutes les ressources que nous utilisons, c’est-à-dire nos bases personnelles de savoir-faire, de savoir-être et tout ce que nous avons vécu comme perceptions et sensations dans l’expérience.

Ce qui fait certainement de nous une personne pouvant être à la fois curieuse, confiante, résiliente et expérimentée mais plus que tout, une personne pleine de sens! Une personne qui apprend à voler… en volant!

Maryse


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