Briser le cycle de la peur

Par Maryse Loranger • Le 29 mars 2021


Lama.

Le lama, le babouin et nous

J’ai toujours trouvé ça beau un lama. Les grands cils, le pelage long et épais, les oreilles fines et une belle petite tête arrondie. Cuuuute! J’apprends aussi que le lama est herbivore, qu’il mange surtout des graminées, des graines et des arbustes, qu’il peut avoir de 5 à 6 femelles dans son harem personnel, qu’il ne fait pas partie des espèces menacées et qu’il vit paisiblement en petit troupeau dans les Andes. Avec cette description, il est plutôt difficile de s’imaginer qu’il puisse avoir des peurs dans sa vie. À ma très grande surprise, oui, il en a! Ce sont les coyotes, le puma et l’ocelot, ses prédateurs.

Ce qu’il y a de beau dans le monde animal, c’est que les animaux vont réagir à la peur lorsqu’ils y sont confrontés directement. Il n’y aura pas de phase d’anticipation. C’est le cas du chevreuil face à ses prédateurs naturels, le loup et le lynx ou de l’antilope face au lion. Les antilopes, très rapides, ont un temps de réaction très court et leur vitesse de course jumelée à leur agilité en font des championnes pour contraindre les lions à retourner chasser des proies qui seront moins rapides.

​Qu’est-ce qui crée cette vitesse de réaction au stress? C’est ce qu’on appelle le fight or flight. Une fois la réponse au stress dégagée et les hormones de stress libérées dans le corps, et bien sûr une fois assurée d’être hors de portée du lion et donc hors de danger, l’antilope revient à la normale et poursuit son chemin. Pour le lion, il se trouvera de la nourriture ailleurs.

​Un des attributs importants de la réponse au stress est la mobilisation rapide de l’énergie. Le glucose et les protéines sous leurs formes les plus simples et les graisses sont dégagées des cellules adipeuses, du foie et des muscles, tous pour activer les muscles qui luttent pour prendre les jambes à son cou!

Une fois tout ce glucose libéré, le corps doit le faire circuler vers les muscles critiques le plus vite possible. La fréquence cardiaque, la pression artérielle et le rythme respiratoire augmentent, dans le but de transporter les nutriments et l’oxygène à un rythme plus rapide.

Babouins

Chez les animaux vivant en groupes hiérarchisés, c’est une autre histoire. Prenez par exemple les babouins, ceux vivant dans les savanes au sein de groupes sociaux d’une centaine d’animaux. Dans certains cas, on peut y trouver une hiérarchie fluide dont les rangs changent tout le temps; dans d’autres cas, le rang est héréditaire et dure toute la vie. Pour d’autres cas, le rang peut dépendre de la situation. Voici quelques exemples de ce que l’on peut retrouver comme comportement dans ces groupes.

  1. Un mâle subalterne (plus bas dans la hiérarchie) mange un tas de végétaux qu’il s’est déniché pour savourer tranquillement quand BAM! Un autre mâle, celui-ci dominant, vient prendre sa place et du coup, son repas. (On peut facilement voir les opportunistes de service faire quelque chose comme ça. Heille, j’ai des noms… ok je me censure.)
  2. Un mâle subalterne épouille une femelle afin d’attirer son amitié ou l’aide pour les soins aux plus jeunes et BAM! Un mâle dominant arrive et le pousse menaçant pour prendre sa place. (Encore une situation possible du genre humain. Re-BAM!) 
  3. Un mâle est juste appuyé contre un arbre à l’ombre bien tranquille et comme on dit « s’occupe de ses affaires » et BAM! Vous avez deviné la suite. Le mâle dominant n’a aucune raison de prendre sa place à part la prendre pour le seul plaisir de la prendre. OUCHE! (Non mais, j’ai un flash-back. C’est fou ça!)

Pour un animal subordonné comme le babouin, la vie est faite d’une très grande part de stresseurs physiques et psychologiques hors proportions, expliqués par les manques de contrôle et de prévisibilité, et les nombreuses sources de frustration.

(C’est fou comme je les comprends, ces babouins. Avez-vous cette même impression de votre côté? Vous pouvez juste répondre dans votre tête.)

Il n’est donc pas étrange de trouver un niveau de glucocorticoïdes (les glucocorticoïdes naturels sont la cortisone et le cortisol) beaucoup plus élevés chez les individus subalternes que chez les dominants. Il a été prouvé que dus à ces stresseurs répétés sur des longues périodes, les babouins développent de l’hypertension élevée au repos, réponse cardio-vasculaire lente face à un stress réel et une récupération beaucoup plus lente suivant la situation de stress.

​Une réponse au stress activée sur une longue période (taux élevés de glucocorticoïdes, tension artérielle au repos trop élevée ou risque accru d’athérosclérose) correspond aux symptômes vécus par les animaux occupant le rang inférieur de la hiérarchie chez d’autres espèces animales également. On retrouve cette situation chez les rats, les souris, les hamsters, les loups, les lapins et les porcs. Même certains poissons.

Une question de perspective

Si moi, Maryse, j’étais l’individu en bas d’un certain classement à l’intérieur d’un groupe et que j’étais soumise à des facteurs de stress physiques et psychologiques activant la réaction au stress de façon chronique? C’est-à-dire, je serais constamment sur le qui-vive.

Serait-il possible que ce soit le contraire? Est-ce que ce serait le fait d’avoir une réaction au stress inadéquate qui pourrait me placer dans une position moins intéressante, voire dévalorisante?

 

Briser le cycle de la peur

Migraine, palpitations, faiblesses musculaires, céphalées, difficulté à respirer, fatigue, nausées, douleurs thoraciques et abdominales, et j’en passe…

Ce sont toutes des réponses au stress qui, vécues de façon répétée sur de longues périodes, peuvent devenir chroniques et nous rendre encore plus mal si ce n’est pas déjà assez (on a bien vu les symptômes plus haut avec les babouins!).

Selon la littérature, la PEUR est définie comme une réaction émotionnelle aux menaces perçues. Elle serait aussi liée aux comportements de la fuite et de l’évitement (fight or flight). On l’avait bien compris.

C’est encourageant! Cela ouvre la porte bien grande aux solutions concrètes pour :

  • la gestion de nos émotions face à ce que nous percevons comme notre réalité.
  • la prise en charge de nos comportements et les choix que nous adoptons en pleine conscience de LA réalité.

Briser le cycle en 3 étapes

  1. Reconnaître le présent : pour insuffler de l’énergie et de la motivation dans vos possibilités futures, être paisible et reconnaissant de ce que vous avez et de ce que vous faites en ce moment peut donner le « boost » nécessaire pour briser la peur.​
  2. Pratiquer l’optimisme : croire en sa vision est le moyen le plus sûr d’attirer ce que vous voulez dans votre vie; l’essentiel est de garder cette vision animée par des pensées positives pour demain, quelle que soit l’apparence d’aujourd’hui.
  3. Cesser de répéter les limites : Parler en permanence de ce que vous ne pouvez pas faire peut devenir une habitude qui vient ancrer l’idée et la concrétiser par la suite. Donc cessez!

 

Porter sa peur plus loin

Action

Bon, me dites-vous! C’est bien la connaissance, mais qu’en est-il des actions concrètes à prendre? Car maintenant que l’on sait que la peur peut être gérée au niveau des émotions et des comportements, existe-t-il des actions concrètes à faire, applicables dans la vie quotidienne?

Oui, il y en a une multitude et cela dépend des peurs, des contextes, de votre vécu et de vous.

​Pour le moment, pourquoi ne pas faire cet exercice? Celui de prendre un moment juste à vous en fin de journée.

  1. Faire des exercices de relaxation ou de respiration profonde.
  2. Écrire sa journée en bref.
  3. Relater les moments de stress.
  4. Ressortir les émotions ressenties.
  5. Ressortir les sentiments physiques.
  6. Prendre conscience des mots ou du dialogue interne lors du moment de stress ou même juste y penser.
  7. Observer la situation sur papier.
  8. Remettre la situation en contexte. (Quel est l’enjeu immédiat, y a-t-il un risque immédiat, un danger immédiat…)
  9. Trouver une alternative, une solution positive.
  10. Faire des respirations profondes et une méditation de 5 à 10 minutes.

Pour conclure

Alors quand j’étais petite, je jouais à la cachette avec mes amies et la phrase clé, après avoir compté jusqu’à 10, était : prête, pas prête, j’y vais! Maintenant adulte, cette phrase me revient en tête. Finalement, pour moi, la peur c’est l’incertitude d’être prête ou d’être juste assez prête.

Donc tout le monde, entraînons-nous à surpasser nos peurs, soyons intrépides, regardons la peur pour ce qu’elle est vraiment et ce qu’elle représente pour nous au présent. Il est possible qu’elle ne reflète qu’un écho du passé.

Ne lui tournons pas le dos mais plutôt, dépassons-la, pour la regarder alors que nous nous en éloignons d’un bon pas et d’un pas assuré et rassuré par nos propres actions positives aux couleurs optimistes et réalistes d’un présent qui nous appartient.

– Maryse Loranger


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2 Commentaires
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Stéphanie
Stéphanie
il y a 3 années

Wow quel beau texte inspirant! J’ai pris en note quelques phrases que je vais relire chaque jour pour m’aider dans mon cheminement. Merci!