Dernièrement, j’ai lu cette phrase : Prenez toutes les décisions par pur amour et le monde changera. Je trouve ça beau et j’avoue désirer plus que tout que notre monde change. Les nouvelles sont accablantes et la façon dont les gens réagissent aux misères de ce monde est carrément épuisante. La tâche me semble bien trop grande. Toutefois, le monde que je crée autour de moi et la perception du monde en moi peut changer si j’y accorde plus d’attention et que je passe à l’action en respectant mes valeurs.
Hier, j’ai exprimé une opinion. Une opinion qui a dérangé. Mais malgré tout, je considère que dire son opinion en prenant position est un droit. Déjà, en vivant avec la migraine, je me sens dans l’obligation de taire beaucoup d’idées pour ne pas déranger. Au sein de mes pairs vivant la même affection que moi, j’ai cru que je pouvais m’exprimer librement. J’ai voulu ouvrir une bulle de discussion et examiner un sujet sensible sous différents angles. Pas seulement mon angle, mais ceux des autres aussi. J’ai obtenu de l’écoute d’une part. Mais, hélas, de l’hostilité de l’autre. Je n’ai pas pu encaisser le coup. C’est comme si on me clouait le bec. J’aurais apprécié un échange sans jugement, mais bon, je dois vivre avec l’idée que parfois, je vais déranger et que je serai critiquée dans le processus. Pour une fille qui a une structure de vie basée sur le “faut pas déranger”, c’est tout un exercice. C’est comme si on demandait à une asperge de pousser dans la terre glaise alors qu’elle s’épanouit dans le sable.
L’amour propre
Tout le monde n’est pas équipé·e pour discuter de certains sujets sensibles. Toutefois, malgré cette expérience désagréable et décevante, je conseille à toute personne voulant suivre ce chemin de l’expression de soi de ne pas se brûler dans le processus un peu comme de la façon dont j’ai brûlé mes galettes à l’avoine en interchangeant la cassonade pour du miel. Choisissons auprès de qui nous nous sentons en sécurité pour partager nos idées. Un ingrédient aussi santé et délicieux soit il peut nous faire manquer une recette, même la plus simple!
Hier, j’ai exprimé une opinion. Elle touchait un point bien précis: une condition quasi obligatoire et imposée chez toute personne vivant avec la migraine et devant se plier à certaines exigences médicales. Je me suis brûlée solidement. Depuis que j’ai décidé de prendre en main ma maladie, cette affection de la migraine, et d’être de plus en plus attentive à ses déclencheurs émotionnels, je suis sur la corde raide. Je vais à contre-courant. Toute cette résistance devient épuisante. C’est pourquoi je me donne la permission d’explorer la nature, ses bienfaits et le contact avec l’humain et, disons-le ouvertement, de demeurer critique devant ce qui m’est proposé en termes de soins. Mon corps, ma tête, ma vie, mes choix.
Hier, je me suis exprimée. J’étais en confiance et j’avais la conviction que nous étions dans une conversation, un échange d’idées basées sur nos expériences. La confiance se crée en tissant des liens. Des liens se créent en partageant ses joies et ses peines, ses doutes et ses convictions, en donnant et en recevant, en débordant d’émotions et en accueillant celles de l’autre. J’ai cru être dans cet environnement sécuritaire d’amour. Finalement, ce n’était pas safe. Des mots critiques me l’ont rappelé aussi vite qu’un couteau qui dévie de la surface glissante d’un noyau d’avocat vers notre main pour aller y planter sa pointe de façon franche et précise. Par expérience, en premier lieu, ça surprend, puis ça fait mal.
L’amour véritable
Cette expérience auprès d’une personne importante pour moi m’a fait voir l’amour comme le contraire de la peur. La peur de déranger, la peur d’être inadéquate, la peur de ne pas être respectée, la peur de faire des erreurs, la peur de faire entendre ma voix. Mais le véritable amour ne s’oppose à rien. Le véritable amour est bien plus puissant que toutes les émotions négatives, car c’est une question d’environnement dans lequel toutes choses surviennent. Les émotions négatives sont comme des requins nageant dans l’océan de l’amour. Toutes les choses belles et effrayantes, laides et gentilles, puissantes et petites, viennent à l’existence, font leur travail et disparaissent dans le contexte de ce grand océan. En même temps, ces émotions sont faites de l’amour même dans lequel elles baignent et ne peuvent jamais être séparées. Nous sommes faits de cet amour et vivons toute notre vie en harmonie avec lui, que nous le sachions ou non.
C’est seulement l’illusion que nous sommes séparés·es de ce grand amour qui nous fait croire que choisir autre chose que l’amour a du sens ou est même possible. Dans le monde dualiste du positif et du négatif, de l’obscurité et de la lumière, du masculin et du féminin, nous faisons des choix et nous apprenons de ceux-ci. Hier, j’ai appris et j’ai fait un choix. Celui d’exprimer une opinion en phase avec mes valeurs. C’est exactement ce que je suis censée faire ici au cours de mon existence. Sous-jacent à ces choix relatifs, cependant, se trouve le choix d’être consciente ou inconsciente de ce que je valorise comme amour. Quand je choisis d’en être consciente, je fais le choix de l’amour basé sur le respect et la complicité avec ce que cela comporte en accueil et en écoute en tentant de taire le jugement. J’existerai et évoluerai toute ma vie dans ce monde relatif des contraires, des choix, des causes et des effets. Je devrai m’y frayer un chemin. Mais je vais tenter de le faire avec la conscience de ce que je me suis fait de cet amour pour me permettre d’être plus enjouée, plus joyeuse, plus aimante et plus calme, pendant que j’avance et que je m’exprime sans devoir me prendre la tête et me déclencher…vous savez quoi.
En fin de compte, je crois personnellement que les choix que nous faisons éclairent l’amour qui nous rend tous un·e. Il est facile d’oublier cet amour basé sur le respect et la complicité dans ce monde. Peut-être sommes-nous ici pour nous en souvenir à différents moments de notre évolution. Et, lorsqu’il arrivera ce contexte qui nous le fera oublier, je nous souhaite de nous en souvenir encore, pour choisir l’amour à nouveau.
Consultez aussi :
