La migraine, c’est comme…

Par Marie-Eve Branconnier • Le 18 juin 2021


La migraine, c’est comme vivre le pire hangover de toute ta vie, à répétition. Sans pouvoir l’anticiper ou te dire « ouf, j’ai assez bu, je vais arrêter, je ne veux pas être sur le carreau demain ». Tu ne peux pas « arrêter » quand c’est le changement de pression dans l’air qui te met sur le carreau demain. Et si le pire hangover de toute ta vie s’est terminé à l’hôpital, on peut dire que tu as nettement exagéré. Eh bien, tu sais quoi, certaines crises de migraine aussi se rendent jusque-là, sans avoir eu besoin d’exagérer par contre.

La migraine, c’est comme avoir certains jours une grosse grippe, où tes muscles et ta peau te font souffrir, où la fièvre est incontrôlable et où seulement monter tranquillement les marches d’un étage te donne l’impression d’avoir sprinté un 100 mètres.

La migraine, c’est comme avoir passé plusieurs nuits blanches d’affilée, où le jour tout t’est difficile et semble insurmontable, ton humeur est dépressive, ta concentration s’étiole de minute en minute. Tes yeux sont lourds, tu n’arrêtes pas de bâiller et t’as juste envie d’aller te coucher.

La migraine, c’est comme avoir un torticolis où chaque mouvement un peu brusque provoque un éclair d’une douleur stridente.

La migraine, c’est comme si tous les bruits fatigants que tu entends étaient directement dans tes oreilles.

La migraine, c’est comme si t’avais un trouble de la vue et que t’avais oublié tes lunettes, où pour voir t’as besoin de plisser un peu tes yeux, tout le temps, sinon tu vois trop flou.

La migraine, c’est comme le moment tout juste après un manège bousculant, où t’as l’estomac à l’envers, que t’es étourdi et que tout tourne dans ta tête. Sauf que ça dure, ça ne part pas après quelques minutes.

La migraine, c’est comme sentir et goûter des choses qui n’existent pas.

La migraine, c’est comme une sinusite, quand tu ressens un trop-plein qui pousse dans ton crâne, sous tes yeux et ton nez et que t’as l’impression que ta tête va exploser. Sauf qu’en même temps, il y a quelque chose qui force sur ta tête et pousse dessus de toutes sa puissance.

La migraine, c’est comme avoir bu plusieurs bières jusqu’au point où ta vessie crie toutes les 15 minutes.

La migraine, c’est comme avoir eu une opération aux yeux quand le simple reflet de lumière te fait mal, où tu portes des lunettes de soleil même à l’intérieur.

La migraine, c’est comme une commotion cérébrale où t’es désorienté pendant un moment, que ça résonne dans tes oreilles et que ta mémoire courte ne répond pas. Où t’es pas capable de t’exprimer et de trouver tes mots, les plus simples soient-ils.

La migraine, c’est comme le moment juste avant de tomber dans les pommes, où t’as extrêmement chaud, que tu vois tout noir ou que ta vision est tout embrouillée et que tu te sens partir. Sauf que tu ne tomberas pas dans les pommes, cet état-là va rester, parfois pendant des heures.

La migraine, c’est comme si à chaque pas que tu fais, ton cerveau faisait un bond dans ta tête pour atterrir lourdement au fond de ton crâne. Comme s’il n’était rattaché à rien et qu’il ressentait la gravité peser et repeser.

La migraine, c’est comme quand t’es vraiment raqué et que tout ce que tu soulèves ou pousses te semble deux fois plus lourd que d’habitude.

La migraine, c’est comme avoir des allergies, où t’as toujours le nez bouché, peu importe la quantité de mouchoirs que tu gaspilles.

La migraine, c’est comme être dans ton SPM, quand t’es ultra fragile et ultrasensible, avec aucune patience et où juste être de bonne humeur est inatteignable.

La migraine, c’est comme si t’étais paralysé momentanément. Tu sais, quand ton cerveau est réveillé, mais ton corps, pas encore, quand la motricité de tes membres prend quelques secondes à répondre à ta demande de bouger. Sauf que tous tes mouvements sont comme ça.

La migraine, c’est comme avoir mangé quelque chose qui ne passe vraiment pas, où ça risque de sortir à tout moment, peu importe le moyen.

La migraine, c’est comme faire du cardio, mais au repos, avec le cœur en chamade, la soif insatiable, le manque de salive et l’essoufflement.

La migraine, c’est comme avoir des vertiges positionnels inattendus, même sans avoir à bouger.

La migraine, c’est comme le moment où tu t’arrêtes après avoir travaillé physiquement toute la journée, du genre à trimballer des dalles une à une pour te faire une entrée en pavé. Le moment où tu te sens plus exténué que jamais, où seule l’idée de prendre ta douche t’épuise davantage.

La migraine, c’est comme passer dans l’allée des parfums dans une grande surface à chaque fois que tu croises quelqu’un arborant un parfum.

La migraine, c’est comme quand ça sile dans tes oreilles, comme quand on dit « ha, il y a quelqu’un qui pense à moi », sauf que ça arrive tellement souvent que t’espères que moins de monde pense à toi, moins souvent.

La migraine, c’est comme être ailleurs, où penser à autre chose pendant une conversation, où un moment donné tu te rends compte que t’étais complètement déconnecté et que t’as aucune idée de ce qui s’est dit. La seule chose, c’est que tu ne pensais à rien, t’as juste oublié.

La migraine, c’est comme quand ton hamster n’arrête pas de tourner, t’empêchant de t’endormir le soir venu. Sauf que ton hamster a de longues griffes et quand il court, il ne fait pas attention à ne pas arracher des lambeaux de ta chair dans ton crâne.

La migraine, c’est comme tout ça, souvent tout en même temps.


Afin de mieux comprendre la réalité des gens souffrant de la migraine, je t’invite également à lire mon autre article : À toi, non migraineux.

Marie-Eve


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3 Commentaires
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Monique Doucette
Monique Doucette
il y a 2 années

Merci beaucoup Marie-Eve !

Ton texte est très bien écrit et tes exemples décrivent vraiment notre réalité.

J’ai beau vivre 95 % de tout ces ravages, je n’étais jamais parvenue à tous les nommer. Et même que tu décris des liens que je ne connaissais pas. Je croyais faire de l’alzheimer en plus. Je suis rassurée !

Marie-Eve (auteur)
Marie-Eve (auteur)
il y a 2 années
En réponse à  Monique Doucette

Merci pour ton commentaire Monique !
Je suis contente que mon texte te rassure dans tes symptômes, disons, les plus farfelus ! Sache que tu n’es pas seule à les vivre !!

Maryse Bonsaint
Maryse Bonsaint
il y a 2 années

Merci, c’est tellement notre vie!