Le courage

Par Maryse Loranger • Le 17 août 2021


Dernièrement ont eu lieu les Jeux Olympiques de Tokyo. Les avez-vous suivis? Moi, non. Pourquoi? Parce que les résultats de performance ne m’intéressent pas. Mais détrompez-vous. Ils m’ont déjà beaucoup intéressée. J’ai longtemps regardé les athlètes de haut niveau comme des modèles à suivre pour leurs grandes qualités en termes de motivation, de force et de détermination. Très jeune, j’ai eu ce même regard pour les danseur(euse)s professionnel(elle)s que j’ai toujours considérés comme des athlètes avec une sensibilité artistique sans fond et une force de caractère sans fin. Ce regard admiratif pour les autres m’a toujours habitée tout au long de mon cheminement. J’ai eu cette opportunité dans ma vie de ressentir cet engouement pour une passion dévorante comme le ballet classique. Toutes ces années à m’entraîner, à suivre un horaire strict, à rêver chaque étape pour gravir les échelons m’ont permis d’atteindre mon plus grand rêve. Et puis, j’ai eu un face à face avec le courage. Celui du changement.

Pour l’athlète comme l’artiste en danse, les aptitudes et le talent doivent être au rendez-vous, mais ce qui est essentiel, plus que tout, c’est la discipline. Le potentiel d’une personne peut être existant et évident, mais seule la combinaison de la persévérance, de l’humilité et de la discipline, unies main dans la main, permettent à cette personne de libérer toute la force et la puissance de son plus haut potentiel vers la réalisation de celui-ci. Mes plus grands exemples sont ceux de ces deux élèves de ma classe de ballet. Pour vous situer, on est dans un programme sérieux de formation professionnelle en danse classique. Des auditions ont eu lieu et seules les élèves présentant un bon potentiel sont acceptées dans ce programme. L’une d’elle, appelons- la Anne, était très faible musculairement, manquait de coordination et de souplesse mais renfermait une volonté de fer. L’autre élève, appelons-la Cindy, avait absolument tout. Le corps-type de la danseuse classique, la force, la souplesse, une facilité technique solide autant pour les sauts que pour les pirouettes. Anne a travaillé d’arrache-pied et a fait des progrès en montée progressive et continue. Cindy a pris pour acquis sa facilité et n’a malheureusement pas fourni les efforts nécessaires pour l’amener plus loin. Avec le temps, les deux élèves se sont trouvées au même niveau mais, un peu plus tard, Anne a dépassé Cindy en tout point. Pourquoi? C’est une question d’attitude, de persévérance, d’humilité et de discipline.

Toutefois, d’autres facteurs peuvent venir déranger ou modifier l’évolution d’un athlète. Nous sommes tous au courant des risques de blessures. Pendant des années, on peut s’entraîner, suivre des diètes  « santé » draconiennes, absorber les coups durs comme les douleurs, des blessures et des fractures sans parler des doutes, des peurs et des attentes non-rencontrées. Et ensuite, on se relève pour reprendre et continuer. Jusqu’à ce que la vie ou le déroulement des choses changent et transforment notre plan. Avec chaque coup, vient une marque visible ou pas. Au début, personne ne la voit, même pas nous. On absorbe le coup et on cicatrise de la même façon que l’on s’écorcherait un genou pour y mettre un mercurochrome. Et hop, on n’en parle plus. Ce n’est qu’un souvenir et on est prêt pour le prochain coup. Bien sûr, on ne s’en doute pas. On ne cherche pas les coups et on ne se doute pas qu’il y en aura d’autres, que ce soit des épreuves, des blessures ou une maladie.

Arrive un temps où les coups se sont tellement succédé que les cicatrices tendent à ne plus guérir. Le mercurochrome n’est pas suffisant. Là, il faut recoudre. Puis plus tard, il faut remplacer. Puis après, il faut accepter l’arrêt complet, l’immobilisation. Et repenser son plan. C’est là, à mon avis, que se manifeste le vrai courage.

Le vrai visage du courage

Quelqu’un m’a dit dernièrement qu’il faut avoir du courage pour aller aux Olympiques. Ça m’a paru étrange. En vrai, ça m’a dérangée. Assez pour que je regarde de plus près cette définition de courage.

Selon le dictionnaire Larousse, le courage est défini comme suit :

Fermeté, force de caractère qui permet d’affronter le danger, la souffrance, les revers, les circonstances difficiles.

Ma compréhension du courage est qu’il se manifeste lorsqu’on est devant un mur. Un mur qui nous arrête et nous indique qu’on est arrivé au bout. Cet endroit est inconfortable et incongru. La situation nous demande de CHANGER notre trajectoire si l’on veut continuer à avancer, malgré le doute, malgré le deuil, malgré l’inconnu. Le courage nous demande de nous REGARDER pour ce que nous croyons, ce que nous voulons et ce que nous sommes d’accord de faire pour libérer le potentiel qui nous habite. Ce potentiel ne demande qu’à s’exprimer. Vous seul(e) avez le choix de permettre à votre courage de se manifester.

Maintenant, j’aimerais vous dire que ce courage, il est déjà en vous, pour chaque jour vécu, pour chaque pas en avant que vous faites accompagné(e) de la maladie de la migraine ou des céphalées. Pour chaque lumière d’espoir que vous savez si bien allumer, que ce soit pour vous-même, votre ami(e), votre enfant, votre parent ou votre conjoint(e). Pour chaque moment où vous avez à affronter les regards et les jugements. Pour chaque instant où vous ne vous sentez pas à votre meilleur. Pour chaque geste que vous faites dans le but d’aider les autres et de contribuer à la communauté malgré vos douleurs, malgré le découragement, malgré les efforts répétés.

Ce courage, vous en avez le visage. Le vrai visage.

Maryse


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