Histoire de ma migraine au quotidien
Rarissimes sont les journées où la douleur ne se pointe pas. Certains jours, elle se gère tandis que parfois, elle devient intolérable. J’ai beau avaler triptans par-dessus antalgiques, elle diminue à peine. M’étendre sur mon lit, dans le noir et attendre d’être fonctionnelle, c’est tout ce que je veux. Patienter avant que les médicaments manifestent les effets escomptés me semble la seule option dans ces cas-là. Mais, je ne dois pas m’endormir. Je souffre de bruxisme… si sévère qu’il me cause des attaques de migraine.
Deux heures trente du matin
Réveil horrible s’il en est un. La douleur me chuchote à l’oreille. J’ai de la difficulté à ouvrir les yeux. Tourner la tête semble presque impossible, la contraction s’étendant souvent jusqu’au cou. Réfléchir représente un tour de force. Mais je dois penser. Décider quel médicament a le plus de chance de me soulager. Celui qui me permettra de me rendormir et de terminer ma nuit.
La migraine nocturne demeure, pour moi, la pire. Elle s’installe sournoisement. Je ne ressens pas son début, lorsqu’elle prend tranquillement ses aises. Je n’ai pas accès à cette petite fenêtre où je pourrais peut-être simplement prendre de l’ibuprofène pour la calmer. Quand elle me tire de mon sommeil, elle se montre bien campée. Je dois choisir un remède plus agressif afin de m’en débarrasser. Heureusement, une pharmacie bien remplie et diversifiée occupe un compartiment de ma tête de lit, et une bouteille d’eau se trouve en permanence sur ma table de chevet. Ceux-ci représentent ma trousse de secours.
Je me rends à l’évidence : cette nuit, comme bien d’autres, ne sera pas réparatrice. Je m’endormirai, une ou deux heures plus tard, épuisée par la cause de mon réveil et assommée par la solution à mon problème.
Sept heures du matin
Dernier réveil désagréable de la journée. Le bruxisme sévère dont je souffre conclut ma nuit de façon déplaisante. La douleur est de retour, de deux à neuf sur dix. La contraction de ma mâchoire me donne du fil à retordre tous les matins. Me condamnant à une reprise de ma réflexion sur le meilleur antidouleur à choisir. Celui qui me permettra de me lever et de vaquer à mes occupations dans une heure ou moins.
Les jours où j’ai des obligations en début d’avant-midi, je dois prévoir de me réveiller une heure plus tôt. Pour donner le temps à madame la migraine de me libérer, attaquée par la médication. Sortir du lit avec la tête dans un étau étant une véritable épreuve, je préfère la laisser se reposer sur l’oreiller avant de débuter ma journée du bon pied.
J’ai bien essayé quelques relaxants musculaires pour convaincre mes muscles mandibulaires et temporaux de se calmer. Mais, rien n’y fait. Seules des injections de botox aux deux mois apportent une relative amélioration… pendant quelques semaines.
Dix heures du matin
Ne pas manger de déjeuner sucré. Il m’en a fallu du temps pour le réaliser. Pendant des années, je me suis habituée à la migraine matinale tardive. Elle se pointe environ deux heures après mon premier repas. En prime, la faim me tenaille. Maintenant, je le sais, je ne tolère pas le sucre en début de matinée. L’insuline faisant un bond pour contrôler cette glycémie élevée provoque une hypoglycémie réactive. Celle-ci appelant la migraine à grands cris.
J’ai d’ailleurs adopté une alimentation cétogène, réduisant considérablement mon apport glucidique en tout temps. Car, bien que mon système gère plus difficilement ce macronutriment le matin, garder ma glycémie stable toute la journée amoindrit mon risque de migraine. Ceci m’assure également une réserve d’énergie plus constante.
Trois heures de l’après-midi
Eh oui, il existe une raison de voir la migraine se pointer à cette heure : la fatigue. Les obligations combinées aux autres épisodes douloureux du jour qui s’achèvent invitent souvent la migraine à cette heure. Les médicaments consommés afin de fonctionner ne sont pas non plus étrangers à cet épuisement.
Ce qui m’amène à parler de notre employabilité. Qui d’entre vous, cher·es ami·es migraineux et migraineuses, peut supporter une journée de travail de sept ou huit heures sans heurts? Le bruit, la lumière, le stress, le surmenage, etc. Tous ces déclencheurs à encaisser pendant des heures représentent un vrai supplice.
« Vivement la fin de semaine! » s’exclameront certain·es. Mais, dans mon cas, la pause n’est jamais garantie. Surtout que mon bruxisme ne prend jamais de congé.
Dix heures du soir
Le souper et les devoirs des enfants étant désormais chose du passé, le repos tant mérité est le bienvenu. Espérant une nuit exempte de migraine, je sais pourtant que mon prochain réveil, nocturne ou matinal, sera de nouveau teinté par mon bruxisme.
Je me console en me disant qu’au moins, quand je dors, le mal roupille aussi. Je n’ai pas à gérer de médicaments et leurs effets secondaires. J’arrête de chercher des solutions pour enrayer ce qui m’empoisonne la vie. Le soir s’éteint sur mon quotidien avec la migraine. Et j’ose espérer que le soleil se lèvera sur un jour meilleur.
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