Quand la migraine rebondit

Par Marie-Claude Benoit • Le 8 février 2024


Voilà que la migraine rebondit aux quatre coins de ma tête. Advil, Tylenol, codéine et triptan à la queue leu leu ne viennent plus à bout de la douleur. Je dois me rendre à l’évidence, la céphalée médicamenteuse sévit depuis un moment déjà. Mais le déni m’habite avant que je ne me décide à recourir à la solution. Malgré toutes mes précautions, elle s’est faufilée à travers mes tentatives d’avoir quelques moments de répit.

Contre-productif

Vous connaissez probablement la douleur lancinante et écrasante des crises de migraine, cette sensation de martèlement dans votre tête qui semble ne jamais vouloir s’arrêter. Et si vous êtes comme moi, vous avez peut-être trouvé un réconfort dans les médicaments contre la douleur, pour découvrir qu’ils peuvent parfois aggraver le problème plutôt que le soulager.

Chaque crise apporte avec elle une course désespérée vers l’armoire à pharmacie, espérant trouver un soulagement rapide. Et souvent, les pilules semblent faire l’affaire, du moins pour un certain laps de temps. Mais à mesure que les crises deviennent plus fréquentes et plus intenses, je commence à remarquer un schéma troublant. Les médicaments censés me soulager finissent par aggraver le mal.

C’est comme si je me battais contre deux maux à la fois : la migraine elle-même et les effets secondaires des médicaments. La douleur de la migraine devient plus insupportable, et en même temps, il m’arrive d’être en proie à des nausées, des étourdissements et une sensation de confusion provoquée par les médicaments.

Ironique comme les traitements contre cette affliction peuvent rapidement devenir une arme à double tranchant. Comment résister à traiter une crise migraineuse à l’aide de mon arsenal pharmaceutique? Pourtant, il vient un moment où l’effet souhaité se transforme en mauvais sort. Et quand je le réalise, il est trop tard, le mal est fait. 

Céphalée médicamenteuse

On l’appelle aussi céphalée de rebond, phénomène insidieux que je revis périodiquement depuis des années. Comme le jour de la marmotte. C’est comme un cercle vicieux où chaque pilule entraîne une autre vague de douleur, souvent plus forte, me laissant piégée dans un cycle sans fin.

Comment quelque chose qui est censé m’aider peut-il en fait me faire plus de mal? La réalité est que les médicaments contre la douleur peuvent être à la fois une bénédiction et une malédiction pour les personnes vivant avec la migraine. Ils peuvent offrir un soulagement temporaire, mais s’ils sont utilisés de manière excessive, ils peuvent en fait aggraver les crises et rendre la douleur encore plus insupportable.

Chaque pilule supplémentaire est un pas de plus dans un chemin obscur où la douleur et la dépendance se renforcent mutuellement. 

Lorsque j’ai été confrontée pour la première fois à cette réalité, j’ai été prise au dépourvu. Après tout, les médicaments contre la douleur étaient censés être mes alliés, mes sauveurs lorsque la douleur devenait insupportable. Mais au fil du temps, j’ai réalisé que ma tolérance à ces médicaments ne faisait qu’empirer les choses. Que faire maintenant pour me soulager? La réponse est malheureusement : souffrir.

Sevrage

Défi majeur s’il en est un. Dans mon cas, on pourrait mettre ce mot si cruel au pluriel. Quelques fois par année, je dois m’y résoudre. Plus rien ne fonctionne en plus de devenir un nouveau déclencheur de migraine. C’est dans ces moments de désespoir que je puise une force insoupçonnée pour entreprendre le difficile processus de sevrage 

Après des semaines à apprécier plus que tout la noirceur, le silence et le froid sur ma tête, une migraine frappe. Intolérable. Du genre à me mener à l’hôpital. C’est à ce moment que je cède. J’avale un analgésique. Contre toute attente, ça fonctionne, la douleur s’atténue. Lentement, mais sûrement. Et c’est là que le sevrage prend fin.

Je sais, ce n’est pas la façon typique de se sevrer correctement. Je devrais éviter les antidouleurs pendant trois mois après un sevrage. Après tout, le processus est difficile et exigeant. Cela implique d’arrêter complètement tous les médicaments contre les crises de migraine durant une période prolongée afin de permettre au corps de se réinitialiser et de retrouver une sensibilité normale aux médicaments. 

Alors pourquoi avoir enduré ces quelques semaines sans soulagement si c’est pour risquer de retomber quelques mois plus tard?

Pourquoi?

Eh bien, tout d’abord, je dois parfois tout arrêter parce que plus rien ne me soulage. Au contraire, chaque élément de ma pharmacopée augmente la fréquence de mes maux. Plus rien à faire, aussi bien tout arrêter. Je réussis à le faire jusqu’à ce que cette violente migraine se présente. Impossible d’éviter l’hôpital si je ne la traite pas.

Et c’est à ce moment que je réalise que les analgésiques ont recommencé à remplir leur promesse : traiter la migraine pour me permettre de fonctionner presque normalement. Oui, presque… Parce que vivre avec la migraine chronique demande des ajustements continuels. Ma vie peut sembler normale, et même facile, aux yeux des autres. Mais, tout comme moi, vous savez que les compromis quotidiens sont infinis.

C’est pour moi une lutte quotidienne de trouver un équilibre entre soulagement et évitement de l’effet rebond. Ce qui commence comme un remède devient plus tard une source de souffrance supplémentaire.

Dans mon propre parcours avec les céphalées de rebond, j’ai été confrontée à des moments où aucun médicament ne semblait apporter de soulagement. La douleur persistait, et chaque pilule supplémentaire ne faisait qu’aggraver les choses. C’est dans ces moments-là que j’ai dû faire face à la réalité brutale de ma tolérance aux médicaments et prendre des mesures pour me sevrer.


Consultez aussi


S’abonner
Avisez-moi lors de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires