Témoignage de Kerma

Par Migraine Québec • Le 15 mars 2022


Mon expérience avec la migraine a commencé il y a déjà 10 ans de cela. À mes 23 ans, j’étais loin de me douter qu’une si petite collision, sans dégât physique sur mon véhicule, allait marquer le début d’une vie invivable, à temps partiel.

À première vue, une vive douleur derrière l’œil m’est apparue au moment instantané de la collision. Ce fut le début d’une série d’examens autant désagréables les uns que les autres. En effet, la vive douleur derrière mon œil gauche ne partant pas, les médecins traitants ordonnèrent que je passe des RX, des scans, angio-scans et même une imagerie par résonnance magnétique. En plus de cette multitude de tests, j’ai eu droit à un cocktail de médicaments tous autant inutiles les uns que les autres. À vrai dire, un de ces médicaments a eu un effet… un effet indésirable et j’ai eu droit à une visite à l’urgence. Ma migraine était accompagnée de fourmillements et d’engourdissements des membres supérieurs et inférieurs gauches et d’une paralysie du côté gauche de mon visage. Voici les fameux effets qu’un médicament m’ayant été prescrit contre ma migraine m’a donné en plus de ne pas avoir traité la principale cause.

J’étais suivie par un neurologue et plus je lui rendais visite, moins je voyais la lumière au bout du tunnel. J’ai été plus de 6 mois en arrêt de travail, à rendre des visites aux différents médecins et à passer une batterie de tests. Chacun des tests et des visites ne donne aucune information pertinente, toutes étaient des suppositions que les résultats se contredisaient. Entre-temps, ma vive douleur me rendait partiellement inapte, incapable et par moment, inutile. Aucune concentration ni volonté possible en présence de douleur de haut niveau. Les mois passèrent et je me rendis compte que j’avais déjà développé des mécanismes de défense et de prévention contre la migraine, tels que de rester dans la noirceur, dormir le plus que possible ou encore m’isoler complètement de n’importe quel son trop fort ou trop redondant. Ma vive douleur passait d’intense à extrêmement intense, mais jamais moins que ça. Plus le temps passa, moins il y avait de solution miracle à ma migraine constante en tout temps. Aucune concentration lors de mes crises de douleur. Aujourd’hui, les seules solutions trouvées sont celles que j’ai pratiquées et que je pratique avec le temps depuis toutes ces années et faute de résultats médicaux.

Avoir une migraine, c’est comme avoir un objet ou une personne pesant sur l’œil, mais ironiquement, ça ne se voit pas. Personne ne la voit, moi non plus d’ailleurs, mais elle est bien présente. C’est une douleur tellement réelle mais inexplicable qu’à plusieurs moments je me suis dit que tout le monde doit vivre cela sinon, si c’est uniquement moi, qu’ai-je fait pour le mériter?

Mais non, personne de mon entourage ne souffre de migraine quotidienne. Vivre avec cette douleur est un lourd fardeau que l’on porte seul. La journée continue et une migraine étant invisible, ses conséquences sont souvent diminuées, moins prises au sérieux. Une journée de douleurs affecte ma production au travail ou à l’école, ces effets sont bien connus. Sachant pertinemment que personne ne prendra au sérieux la raison de mon ralentissement de production, j’avais pour habitude de continuer ma journée en faisant abstraction, du mieux que je pouvais, de la migraine. Mais je me sentais souvent acariâtre dans ses moments de combat avec moi-même, voire même colérique. Maintenant avec mon expérience en la matière, je sais que je dois m’arrêter lorsque la migraine embarque.

Je dois m’arrêter et me calmer par la respiration en espérant pouvoir reprendre le dessus de la douleur. Mais bien souvent, elle s’intensifie et bien entendu, tout se développe en silence. Ce silence et même cette invisibilité me rend donc la seule à ressentir la douleur et en même temps, à ressentir la sensation d’impuissance et d’être incomprise. Solitude, impuissance et incompréhension me plongent dans un mélange d’épreuves physiques et d’inefficacité cérébrale.

Savoir s’arrêter c’est bien, mais pouvoir le prévenir, c’est mieux. Au fil des années, j’ai eu énormément d’occasions pour tester des aliments, des breuvages, des produits nettoyants, des odeurs, des intensités de lumière et de son, etc. Mes expériences m’ont permis de me faire une analyse des signes et symptômes de ma migraine avec chacun des stimulus nommés. En fait, ces expériences m’ont tout simplement permis de mieux me connaître. Par exemple, je connais mon niveau de tolérance à la douleur ou à la fatigue. L’idée est de se connaitre et qui plus est, de respecter nos limites imposées par un corps qui supporte la migraine à longueur de journée.

J’en viens à la conclusion que je vivrai toujours la migraine et que malheureusement, d’autres personnes vont la vivre également. J’imagine une société plus renseignée sur la migraine et surtout sur le vécu et le ressenti des personnes atteintes. Imaginez-vous si au moins j’avais pu vivre la douleur sans les sentiments de solitude et d’incompréhension, le fardeau serait déjà moins pénible. Mais nous pouvons agir dans ce but, ne pensez-vous pas?

Kerma


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