Arrêter les médicaments : tu n’as jamais essayé ?

Par Marie-Claude Benoit • Le 26 septembre 2022


On m’a demandé si je n’avais pas songé à arrêter les médicaments?

Qui, parmi vous, chers amis migraineux, ne s’est jamais fait questionner : tu ne penses pas que tu irais mieux si tu cessais la prise de tous ces médicaments? Tu ne crois pas que tu en absorbes trop?  Pour les personnes n’ayant que des maux de tête occasionnels (les chanceux!), difficile d’imaginer que toutes ces molécules nous permettent de fonctionner. Et encore… Souvent, ça ne nous soulage que partiellement, pour nous aider, au minimum, à vivre une vie presque normale.

Les essais de médication

Nous, qui vivons avec la migraine chronique, avons essayé une pléthore de molécules. La plupart ne fonctionnant pas ou causant des effets secondaires intolérables. Nous nous sentons comme des cobayes vis-à-vis de tous ces essais et erreurs que nous devons surmonter. Passant des anticonvulsivants aux bêtabloquants, en passant par les antidépresseurs et le botox. Parce que, bien sûr, nous réagissons tous de façon distincte à ces différents éléments.

Si nous sommes veinard·es, une prophylaxie efficace dans notre cas sera découverte durant le processus. Et, si la chance nous sourit, ce sera plus tôt que tard. Une bonne nouvelle malgré tout : on a enfin identifié, il y a quelques années, un agent chimique spécifique à la prévention de la migraine. Les anti-CGRP (anticorps contre le peptide lié au gène de la calcitonine) ont vu le jour. Quel soulagement pour toutes les personnes qui en bénéficient et en ressentent les effets positifs, bien que non miraculeux.

Pour ma part, cette auto-injection mensuelle diminue considérablement la fréquence ainsi que l’intensité de la douleur si elle se présente, me permettant de réduire ma consommation d’analgésiques quotidiennement. Et aussi, Dieu merci, d’arrêter ce défilé de tentatives prophylactiques, bien que les ayant déjà presque toutes essayées à ce jour.

D’ailleurs, si vous bénéficiez de ce traitement, vous savez très probablement qu’une expérimentation de plusieurs prophylaxies est nécessaire avant que votre compagnie d’assurance ou la RAMQ accepte de payer ce remède très dispendieux.

La pharmacie ambulante

C’est ainsi que je me considère. M’assurant d’avoir sous la main toute la médication nécessaire chaque fois que je mets le pied hors de chez moi. Me préservant habituellement d’une sortie où la douleur deviendrait incontrôlable.

Plus les années passent et plus la pharmacopée s’alourdit. Le pilulier qui m’accompagne s’élargit de plus en plus. Un antalgique, un anti-inflammatoire ou un triptan ne garantissant pas le succès en agissant seul. Une combinaison est fréquemment inévitable. C’est quand elles nous voient enfiler les pilules les unes après les autres que certaines personnes nous donnent leur opinion sur notre consommation de médicaments. Et si elles sont au courant de ce que nous avalons pour empêcher les crises, c’est pire.

La migraine étant une maladie invisible et indétectable à l’aide de tests sanguins ou d’imagerie numérique, la prise d’une médication aussi lourde est trop souvent jugée inappropriée par notre entourage. Seuls les symptômes décrits par le patient et la patiente permettent de révéler la douleur et de valider ce que nous ingérons pour la prévenir et la soulager.

Arrêter les médicaments

Certains individus oseront nous demander, convaincus d’avoir raison : « Tu n’as jamais pensé arrêter de prendre tous ces médicaments? Tu dois être intoxiqué·e, c’est pour ça que tu vas mal ». Avez-vous déjà entendu des questions de ce type?

J’ai souvent eu le goût de répondre : « Ça a toujours été l’un des buts de mon existence de me taper 6 pilules différentes quotidiennement, en subissant les effets secondaires et en y ajoutant quelques antidouleurs au gré de mes envies. » Non mais, à quoi pensent-ils?

Prenons une grande respiration et expliquons-nous calmement. Nous devons constamment éduquer ce public peu averti. Raconter notre parcours. Mentionner tous les obstacles que nous traversons chaque jour. Justifier comment nous tentons d’avoir une meilleure qualité de vie. Que tous ces médicaments contribuent à un certain mieux-être, chacun à leur façon.

Effets secondaires

Parlons-en de ces indésirables, les moindres maux que nous tolérons pour laisser la médication prévenir ou diminuer, voire stopper, la douleur. Nommons-les :

  • Somnolence;
  • Étourdissement;
  • Sensation de tête légère;
  • Fatigue;
  • Faiblesse;
  • Prise de poids;
  • etc.

Pour notre entourage, ces effets secondaires sont souvent plus visibles que cette ennemie qui se cache dans notre corps. Cela explique pourquoi notre arsenal thérapeutique leur semble si lourd et inutile. 

Quand le sujet tombe sur la table, certaines personnes nous conseillent des médecines alternatives pour nous « guérir ». Leur belle-soeur a suivi un traitement avec tels ostéopathe, chiropraticien ou acupuncteur et n’a plus de migraine depuis. Tant mieux pour la belle-sœur! Dans mon cas, j’ai espéré que ces spécialistes, et bien d’autres, puissent faire taire ma souffrance, en vain. Je suis convaincue de ne pas être la seule. N’est-ce pas?  

Ne voudriez-vous pas, tout comme moi, renoncer à subir tout ça? « Évidemment que oui! » me répondrez-vous. Pouvez-vous vous passer de ces pilules? « Bien sûr que non! » me rétorquerez-vous.

Et vous, comment expliquez-vous à votre entourage pourquoi vous ne pouvez pas arrêter les médicaments?

 

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