Inclusion

Par Maryse Loranger • Le 18 août 2023


La musique joue, des images de fête se succèdent, le générique défile de haut en bas de mon écran. Je me sens heureuse et émue du film que je viens de regarder, car son message n’aurait pas pu mieux entrer en synchronicité avec le sentiment qui m’habite aujourd’hui. Le film Champions, une reprise américaine de la version originale espagnole, nous transporte vers l’acceptation de la différence et le regard d’autrui sur la vie des personnes présentant un handicap, et ce, à travers le sport. On voit des jeunes aux ressources insoupçonnées qui nous offrent une leçon de vie. Quoi dire de plus à part que ma joie de vivre est revenue en écoutant le message du film à la manière d’un enfant qui se fait flotter sur l’eau à bord d’une bouée sous la forme d’une licorne colorée géante?

Grosse journée

Aujourd’hui, je me suis sentie au bout du rouleau comme on dit. Fatiguée, épuisée de toutes mes ressources qui me font tellement de bien habituellement. Les crises de migraine quotidiennes me font perdre le moral même si de l’extérieur, on ne peut pas déceler l’impact de ces attaques sur ma vie personnelle, sociale et professionnelle. Il m’arrive de penser que la migraine chronique présente un handicap dans ma vie. Et certains commentaires et préjugés sur les maladies invisibles viennent exacerber mon sentiment de différence et d’exclusion de la même manière que les scarabées japonais envahissent mon jardin et grignotent les feuilles de mes framboisiers. 

Le sentiment de ne pas être top, de ne pas pouvoir répondre à la demande ou simplement de devoir dire que j’ai besoin de me reposer me fait vivre de la culpabilité bien malgré moi. Me reposer n’a pas souvent fait partie de mon discours. Je favorise davantage l’action. Moi qui ai habituellement un moral de fer vis-à-vis ma condition de santé que je n’ai certes pas choisie, je me sens dépourvue et aussi découragée qu’un capitaine de bateau peut l’être en naviguant dans le brouillard sans GPS ni communication extérieure. Le sentiment de ne pas pouvoir s’affairer à tout ce que l’on aimerait est un sentiment partagé par plusieurs personnes vivant avec la migraine. Je suis parmi les chanceuses qui ne reçoivent pas de pression de l’extérieur. Force est de constater que je peux m’en donner par moi-même. Je me sens si à part voire étrange. Bien sûr, ceci est une perception de moi envers moi. Mais il faut bien le dire. Avec l’accumulation de crises de migraine successives viennent les états de tristesse, de découragement et de désespoir. Vraiment une grosse journée!

Regard bienveillant

Dans la soirée, je regarde donc ce film feel good dont le sujet très humain capte mon attention. C’est le portrait classique d’un objectif inatteignable qui, petit à petit, à l’aide d’une vision globale à coup d’inclusion, d’empathie et de sourire, me fait réaliser que tout est possible. Que je ne suis pas migraine. Que je suis beaucoup plus que ça. Que nous sommes tous et toutes tellement plus que cette maladie pouvant nous noyer dans de fausses perceptions de nous-mêmes. 

Vers la fin du film, lorsque l’équipe arrive dans la chambre des joueurs, découragée par la force de l’équipe adverse, le coach leur livre ce message: vous êtes tous et toutes déjà des champions puisque les défis que vous avez déjà rencontrés dans votre vie personnelle ou professionnelle, ont été relevés et ont fait de vous des gens qui ne cessent d’évoluer. Les défis présentés sont tous différents et chaque personne de l’équipe est identifiée non pas par son handicap, mais par le défi surmonté dans la vie quotidienne. 

J’avais besoin d’entendre ça aujourd’hui. Que ce soit de surmonter un deuil, une peur de dire ce que nous ressentons auprès de nos proches ou même de nos collègues de travail, de nous placer dans des situations d’apprentissages ou de réalisations de projet, nous avons tous et toutes relevé ces épreuves malgré cette affection de la migraine ou toute problématique de santé. Que ce soit il y a un jour, une semaine, un mois, ou des années, on est déjà des champions et championnes dans nos vies respectives.

Je rêve d’un monde optimiste qui embrasse les différences avec des attitudes de respect et d’inclusion. Je crois personnellement que dans un monde quelque peu déshumanisé, ce dont nous avons besoin, ce sont des sourires, de l’empathie et une bonne dose d’humanité. Mais comme disait ma mère:

Charité bien ordonnée commence par soi-même et continue par soi-même. 

– Lina Landry, ma mère, citant Alfred Capus

Avec douceur,

Maryse


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