Le monde des possibles

Par Maryse Loranger • Le 28 octobre 2021


Aujourd’hui, j’ai appris à marcher pour la première fois sur un chemin qui me semblait inaccessible depuis beaucoup trop d’années. Ce chemin, c’est celui de l’art créatif. Mais c’est aussi celui du lâcher-prise, du non-jugement et de l’absence d’auto-critique. C’est un tracé vers le réveil de l’enfant qui dort, l’enfant réprimé qui a enfin la permission de se laisser aller sans crainte de bruits extérieurs ni réminiscences du passé. C’est une voie vers l’absence de cette peur de ne pas répondre adéquatement aux attentes d’autrui dont l’œil critique en verrait un faux pas.

Sans réfléchir, j’ai jeté simplement des couleurs sur un papier en tenant la matière première directement entre mes doigts. C’est en estompant les fibres colorées du pastel sec avec un papier mouchoir tout simple que j’y ai découvert de nouvelles nuances de couleurs entremêlées. Qui aurait pu croire qu’un tout petit instant, aussi court que 5 minutes, pouvait apporter autant d’énergie et de joie?

Aucune attention à une technique quelconque ne s’est interposée et aucune pensée rationnelle n’a dirigé le mouvement de ma main qui pressait les bâtonnets de pastel sec bleu, jaune et orange contre la feuille. Juste l’appel d’une expérience motivée par le désir de décoller les blocages du passé. Me laisser aller intuitivement et spontanément sans réfléchir et sans attente. Merveilleux moment intuitif qui, de par son mouvement, m’amène ailleurs : le monde infini des possibles.

Croyances encombrantes

Ces temps-ci, se révèlent à moi à très grande vitesse, plusieurs pensées nuisibles qui me déclenchent des crises de migraine. La peur de me retrouver dans certaines situations et l’anxiété associée aux expériences du passé sont suffisantes pour troubler mon équilibre émotionnel. Appelons-les des fausses croyances ou encore plus précisément, des croyances encombrantes.

Pendant des années, j’ai eu et entretenu cette idée que je n’étais pas douée en arts plastiques et encore moins en dessin. Chez nous, on avait tous un rôle ou une étiquette. L’un était le bricoleur-artiste-peintre-sculpteur, l’autre une dessinatrice douée, un autre le très grand sportif et moi la petite qui « fait du ballet ». Ces étiquettes nous ont suivis années après années et malgré tout ce qui pourra être fait ailleurs ou dans d’autres domaines, on ne s’en sortira pas. Les renforcements sont aussi cimentés que les chaînes qui les attachent aux croyances encombrantes.

Avec mon travail d’enseignante du mouvement, j’ai entendu plusieurs histoires de personnes qui ont été prises dans ce même cycle. Elles me questionnaient continuellement à savoir si le mouvement demandé était « correct » ou bien exécuté. Je leur répondais que ce n’était pas la question, que l’exécution correcte n’existait pas et que seule la sensation du mouvement qui fait du bien était la bonne réponse. Alors elles me disaient ne pas sentir leurs corps, de ne pas avoir de rythme et même de ne pas savoir respirer! Ça m’a fait réaliser que j’avais exactement le même comportement envers moi-même. Elles parlaient de leurs mouvements imparfaits et moi, je pensais à mes dessins imparfaits.

C’est dire à quel point nos conditionnements et nos croyances nous enchaînent dans les notions de savoir-faire et nous empêchent de développer notre intuition vers nos savoir-être.

Plutôt que de nous aimer tels que nous sommes, nous laissons un barrage de messages externes sur la façon d’être (bouger, dessiner, penser, travailler, voter, aimer, créer, etc.) déterminer nos choix et nos façons de faire. Cela devient difficile pour notre intuition de prendre le volant et de réaliser ce qui nous rendrait réellement heureux et en bonne santé.

Amour-propre

Il est possible d’apprendre à remettre en question et à rejeter les messages nuisibles qui nous maintiennent déconnectés de nous-même. Pourquoi ne pas écouter notre intuition à la place? Lorsqu’on se positionne face à nos croyances et qu’on en laisse tomber, il devient plus facile et même naturel d’abandonner les habitudes qui nous ralentissent et nous fatiguent et de les remplacer par des pratiques enracinées dans un amour-propre. Ces pratiques peuvent être aussi simples que manger sainement, faire du mouvement, se connecter avec la nature, dormir le nombre d’heures que l’on a besoin, faire des activités qui stimulent notre créativité et entretenir les relations interpersonnelles qui nous font du bien. Dans mon cas, ces pratiques sont des façons de me sentir bien dans ma peau et des moyens de valoriser mon bien-être.

Changer notre vision du monde et la place qu’on y occupe demande du temps et de la patience. Écouter notre intuition aussi. Mais c’est possible! Tout comme l’enfant qui fait ses premiers pas, il peut y avoir quelques chutes. Mais on se relève et on avance sur notre chemin en poursuivant notre exploration du monde infini des possibles avec fierté et dignité.

Maryse


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Maryse
Maryse
il y a 2 années

Merci pour ton beau texte plein de vérités! 🧡