Les céphalées primaires

Par Thanina Tahri • Le 27 novembre 2023


Les céphalées, communément appelées « maux de tête », sont l’une des raisons les plus fréquentes de consultation médicale. Elles interfèrent souvent avec les activités professionnelles et personnelles des personnes qui en sont atteintes.

Les céphalées primaires sont définies comme des céphalées qui ne sont pas causées par une condition ou une affection médicale autre. Il existe de nombreux types de céphalées primaires. L’article suivant s’attardera sur les plus courantes : la migraine, la céphalée dite de tension et la céphalée de Horton.

Migraine

La migraine est la forme la plus fréquente de céphalée primaire. Elle touche 12 à 15 % de la population et surtout les femmes. La migraine peut durer entre 4 et 72 h.

Pour diagnostiquer une migraine, il faut observer, sur minimalement 5 crises différentes, certains critères issus de la troisième édition de la Classification Internationale des Céphalées (International Classification of Headache Disorders 3rd edition, ICHD-3) :

Au moins deux des caractéristiques suivantes :

  • Douleur à localisation unilatérale
  • Douleur à caractère pulsatile
  • Douleur d’une intensité modérée à sévère
  • Douleur aggravée par l’activité physique

Durant l’épisode migraineux, au moins une des caractéristiques suivantes :

  • Nausée et/ou vomissements
  • Intolérance à la lumière ou au bruit

Migraine avec aura

La migraine avec aura est une sous-catégorie de migraine. Les auras typiques se caractérisent par la présence de symptômes visuels, sensitifs ou de la parole et du langage. Il existe également d’autres types d’auras, bien qu’ils soient plus rares. 

Ces symptômes précèdent ou accompagnent le mal de tête.

Pour diagnostiquer une migraine avec aura, il faut observer au moins 2 crises de migraine qui remplissent ces critères issus de l’ICHD-3 :

Aura reconnaissable par au moins un des symptômes réversibles suivants :

  • Symptômes visuels (spots de lumière, lignes zigzagantes, lumière clignotante, distorsion de la vision ou perte de vision)
  • Symptômes sensitifs (fourmillements, engourdissements ou perte de sensation)
  • Symptômes de la parole, du langage (difficulté à s’exprimer verbalement)

Au moins 3 des caractéristiques suivantes :

  • Au moins un des symptômes de l’aura dure plus de cinq minutes
  • Au moins deux symptômes de l’aura se succèdent
  • Chaque symptôme de l’aura dure de 5 à 60 minutes
  • Au moins un des symptômes de l’aura est unilatéral
  • Au moins un des symptômes de l’aura est positif (par exemple : la lumière clignotante et les fourmillements sont des symptômes positifs)
  • L’aura est suivie d’une céphalée dans un délai de 60 minutes ou moins

Il existe de nombreux facteurs déclencheurs de la migraine, notamment les changements saisonniers, le stress, le manque de sommeil, les changements hormonaux, le tabac, etc. 

La prévention des crises de migraine peut commencer par un changement des habitudes de vie. Il faut favoriser une alimentation régulière en évitant de sauter des repas, bien s’hydrater et avoir un sommeil régulier. Il est également important de reconnaître le stress et de tenter de le diminuer avec des techniques de relaxation, de respiration et de méditation, d’éviter la consommation excessive de caféine et de favoriser l’activité physique.

Du côté pharmacologique, le traitement des crises de migraine débute souvent par des anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène ou naproxène) ou de l’acétaminophène (Tylenol). Si ces traitements de première intention ne fonctionnent pas, des triptans ou des gépants peuvent être prescrits par le médecin traitant. Selon la fréquence et l’intensité des crises de migraine, votre médecin peut vous suggérer un traitement pharmacologique préventif. Il en existe différentes options et votre médecin discutera avec vous de l’option la plus appropriée pour votre condition.

Céphalée dite de tension

La céphalée dite de tension dure souvent 30 minutes et peut s’étirer jusqu’à 7 jours. La céphalée dite de tension répond à ces critères :

Au moins 2 des caractéristiques suivantes :

  • Douleur à localisation bilatérale
  • Douleur qui évoque une sensation de pression ou de serrement
  • Douleur d’intensité légère à modérée
  • La douleur n’est pas aggravée par l’activité physique

Nécessite les 2 éléments suivants :

  • Pas de nausée ni de vomissement
  • Intolérance à la lumière ou au son (pas les deux)

Les troubles du sommeil, le stress et une mauvaise position de travail sont des causes communes qui déclenchent la céphalée dite de tension.

Le traitement non pharmacologique des céphalées dites de tension consiste entre autres à favoriser les bonnes habitudes de vie, à améliorer sa posture de travail, à effectuer des exercices de relaxation musculaire, etc. Pour les douleurs aigües, des anti-inflammatoires non stéroïdiens ou de l’acétaminophène sont utilisés. Selon la fréquence et l’intensité des céphalées dites de tension, votre médecin peut vous suggérer un traitement pharmacologique préventif. Il en existe différentes options et votre médecin discutera avec vous de l’option la plus appropriée pour votre condition.

Céphalée de Horton

La céphalée de Horton, également appelée céphalée en grappe ou algie vasculaire de la face, est peu commune et se présente surtout chez les hommes. 

Selon l’ICHD-3, le diagnostic se pose lorsqu’une douleur sévère à très sévère unilatérale au-dessus des yeux et/ou au niveau des tempes, et qui dure de 15 à 180 minutes, est accompagnée de l’un ou des deux critères suivants :

Au moins un des symptômes suivants du même côté de la douleur :

  • Conjonctive rouge et/ou larmoiement
  • Congestion nasale et/ou écoulement du nez
  • Œdème de la paupière
  • Transpiration du front ou du visage
  • Taille de la pupille réduite et/ou paupière tombante

Un sentiment d’impatience et/ou d’agitation vécu par la personne

Le traitement d’une crise de céphalée de Horton sont les triptans sous-cutané ou intra-nasal, l’oxygène en inhalation ou même parfois l’ergotamine. Des corticostéroïdes sont parfois utilisés comme traitement transitionnel lors des crises et des inhibiteurs des canaux calciques sont parfois privilégiés comme traitement prophylactique.

Par Thanina Tahri, étudiante au doctorat en médecine. Université de Sherbrooke, campus de Montérégie.

Vérification médicale : Dr François Perreault


Références

  • Headache Classification Committee of the International Headache Society (HIS). The International classification of headache disorders. 3 e éd. Cephalalgia 2018.
  • Becker, W. J., Findlay, T., et al. (2015). Lignes directrices sur la prise en charge en soins primaires des céphalées chez l’adulte [PDF]. Le médecin de famille canadien, vol. 61, no 8, p. e353- e364.
  • Becker, W. J., Worthington, I., et al. (2013). Guideline Summary for Primary Care Physicians [PDF], Canadian Journal Of Neuro- logical Sciences, vol. 40, suppl., p. S63-S68.
  • Canadian Headache Society Guideline for Migraine Prophylaxis. (2012). Migraine Prophylactic Guideline Summary for Primary Care Physicians Section IV [PDF]. Canadian Journal of Neuro- logical Sciences, vol. 39, no 2, suppl. 2.
  • Micieli, A., et Robblee, J. (2018). Medication-overuse headache. CMAJ: Canadian Medical Association Journal, (10), E296. 
  • Tintinalli, J. E., et al. (2020). Tintinalli’s emergency medicine: a comprehensive study guide, 9e éd., McGraw-Hill.
  • Leroux, E. (2012). Migraine avec aura et contraception : est-ce que la littérature est suffisante pour priver les jeunes femmes de contraception orale? [PDF]. Migraine Québec, 2 p.
  • Presses Université de Montréal. (2017). Précis de pharmacologie : du fondamental à la clinique. 2e éd.

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Yanis Larsen
Yanis Larsen
il y a 10 mois

Excellent article! Je vais changer mes habitudes de vie.