La grande classification des céphalées

Par Dr François Perreault • Le 23 mai 2023


Les céphalées représentent l’une des raisons les plus fréquentes de consulter pour un avis médical. Douleur aux tempes, en arrière de la tête, derrière un œil, associée à de la nausée, du larmoiement, de la sueur… Le mal de tête peut se présenter de bien des façons et ses causes peuvent être très variées ! Heureusement, il existe une classification validée par un comité d’experts, la International Classification of Headache Disorder, third edition (ICHD-3), qui permet aux professionnels de la santé de s’y retrouver et de poser un diagnostic approprié avec un plan de traitement adapté lorsqu’ils évaluent un patient se présentant pour céphalée. Cet article fait une revue de cette classification et aborde brièvement les céphalées les plus fréquentes de chaque groupe.

La classification ICHD-3

La classification ICHD-3 établit des critères diagnostiques bien définis afin d’évaluer adéquatement tous les types de céphalées. Plus de 200 pathologies y sont répertoriées ! Heureusement, une subdivision de toutes ces présentations permet de mieux s’y retrouver. Elle se divise en trois grandes catégories :

  • Les céphalées primaires
  • Les céphalées secondaires
  • Les neuropathies, douleurs faciales et autres céphalées

Les céphalées primaires

Les céphalées primaires représentent la catégorie contenant les céphalées les plus fréquentes. Elle se subdivise en 4 sous-types : la migraine, la céphalée dite de tension, les céphalées trigémino-autonomiques et les autres céphalées primaires. Le tableau 1 permet de différencier les trois types de céphalées les plus fréquentes de cette catégorie : la migraine épisodique, la céphalée dite de tension épisodique et la céphalée de Horton (en grappe ou « cluster »).

Tableau 1 : Les céphalées primaires les plus fréquentes

 Migraine épisodiqueCéphalée dite de tension épisodiqueCéphalée de Horton
Localisation de la douleurMajoritairement d’un seul côté de la tête, mais peut toucher toute la têteHabituellement toute la têteToujours d’un seul côté, principalement autour d’un œil ou au niveau des tempes
Caractéristique de la douleur
  • Fréquemment pulsatile
  • Intensité modérée à sévère
  • Augmente avec les activités routinières (ex. : marcher, monter un escalier, etc.)
  • Sensation de pression ou de serrement.
  • Intensité légère à modérée
  • N’augmente pas avec les activités routinières
  • Douleur profonde et continue
  • Intensité sévère à extrême
Durée d’un épisode4 à 72 heures30 minutes à 7 jours15 minutes à 3 heures
Symptômes associés
  • Nausée et vomissement
  • Sensibilité aux sons et à la lumière
  • Possibilité d’aura (visuel, sensitif ou langagier)
Habituellement aucun
  • Du même côté de la douleur, présence de larmoiement, de rougeur de l’œil, sensation d’avoir le nez qui coule ou l’oreille pleine.
  • Sentiment d’agitation et d’impatience

 

La migraine épisodique représente le type de céphalée que les professionnels de la santé retrouvent le plus fréquemment en clinique et elle est l’une des pathologies neurologiques les plus prévalentes! Elle requiert fréquemment l’utilisation de traitement abortif (ex. : acétaminophène, anti-inflammatoire, triptans, etc.) afin de la traiter lorsqu’elle survient. Lorsqu’elle est trop fréquente ou incapacitante, il se peut que votre médecin vous recommande de commencer un traitement préventif qui peut prendre la forme de médicaments oraux (ex. : amitriptyline, propranolol, topiramate, etc.), d’anticorps anti-CGRP (ex. : Erenumab, Fremanezumab, Atogepant, etc.) ou d’injections (ex. : toxine botulinique). Votre médecin pourra vous présenter ces différents traitements et établir avec vous lequel vous conviendrait le mieux.

La céphalée dite de tension épisodique

La céphalée dite de tension épisodique représente le type de céphalée la plus fréquente. Il est pratiquement impossible de rencontrer quelqu’un qui n’a jamais eu ce mal de tête! Toutefois, elle requiert rarement l’aide d’un professionnel de la santé puisqu’elle empêche rarement le patient de fonctionner. Des analgésiques simples tels que l’acétaminophène et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (Ibuprofène, naproxène, etc.) sont habituellement suffisants pour la traiter. Lorsqu’elle survient de manière chronique, c’est-à-dire plus de 15 jours par mois pendant au moins 3 mois, il se peut que votre médecin vous recommande de commencer un traitement oral préventif tel que l’amitriptyline.

La céphalée de Horton

La céphalée de Horton est le type de céphalée trigémino-autonomique la plus fréquente, mais elle demeure très rare de manière générale. Toutefois, elle représente probablement l’une des douleurs les plus intenses parmi toutes les maladies répertoriées par l’ICHD-3. Certains spécialistes lui ont d’ailleurs donné le surnom de « céphalée suicidaire ». Elle se distingue des autres céphalées primaires par le fait qu’elle survient plus fréquemment chez les hommes, qu’elle peut survenir à des saisons et des moments bien précis au milieu de la nuit et qu’elle est associée à des symptômes autonomiques tels que larmoiement, rougeur de l’œil, écoulement du nez, etc. Les traitements usuels contre la douleur sont peu efficaces contre la céphalée de Horton. Lorsqu’une crise survient, on peut la traiter avec du sumatriptan en injection et l’administration d’oxygène par un masque peut aussi être utile. L’injection d’anesthésie au niveau du nerf occipital peut soulager et calmer la tempête pour un certain moment. Il est possible qu’un traitement préventif oral, tel que le vérapamil, soit nécessaire.

Les céphalées secondaires

Cette catégorie regroupe tous les types de céphalées qui sont dues à une cause clairement identifiable et qui impliquent souvent plus que le mal de tête comme symptôme : céphalée due à un trauma crânien ou cervical, céphalée secondaire à une atteinte vasculaire/structurelle intracrânienne ou cervicale, céphalée secondaire à une infection, etc. Les causes sont multiples et peuvent être parfois dangereuses! Heureusement, ce type de céphalée demeure rare et il existe plusieurs examens médicaux permettant d’identifier la cause sous-jacente à temps. Le professionnel de la santé va souvent vouloir éliminer une origine secondaire à la céphalée lorsque sa description et sa présentation ne correspondent pas à une céphalée primaire typique, lorsque plusieurs autres symptômes sont présents ou lorsqu’il y a des anomalies à l’examen neurologique. 

Les neuropathies, douleurs faciales et autres céphalées

Cette catégorie contient tous les types de douleurs faciales. On parle de neuropathie et surtout de névralgie lorsque la douleur est brève, sévère et prend la forme d’une brûlure ou d’une décharge électrique. Elle est souvent concentrée dans un territoire correspondant à un nerf facial en particulier. La pathologie la plus fréquente de cette catégorie est la névralgie du nerf trijumeau. Ce type de douleur est plus souvent présent au niveau de la joue, du menton et parfois du front d’un seul côté du visage et peut être déclenché par le toucher, manger, parler, se brosser les dents et même seulement le souffle d’un vent froid sur le visage! La douleur est intense et brève, mais peut survenir plusieurs fois au courant de la journée. Cette douleur faciale est souvent secondaire à la présence d’une boucle vasculaire qui irrite le nerf trijumeau sur son trajet. La très grande majorité du temps, une prescription de carbamazépine ou d’oxcarbazépine est suffisante pour bien contrôler la douleur. Lorsque cela n’est pas suffisant, d’autres médicaments de la classe des antiépileptiques peuvent être utilisés. Si les traitements oraux ne sont pas suffisants, il arrive parfois qu’une chirurgie soit nécessaire afin de protéger le nerf de la boucle vasculaire.


  1. Headache Classification Committee of the International Headache Society (HIS). The International classification of headache disorders. 3 e éd. Cephalalgia 2018 ; 38 (1) : 1-211. DOI : 10.1177/0333102417738202.
  2. Pinard, Catherine-Andrée. Ces céphalées qui nous inquiètent au cabinet, comment nous y retrouver?. Le Médecin du Québec, p23-26. Juin 2022

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