Un regard sur la céphalée chronique persistante de novo

Par Migraine Québec • Le 7 février 2022


Par Dr Liam Durcan.

NDPH, New Daily Persistent Headache

Nous devons la première description de ce qui allait prendre le nom de céphalée chronique persistante de novo au neurologue canadien Walter Vanast, en 19861. Il était alors question d’une céphalée qui se distinguait par deux éléments particuliers : elle apparaissait à un moment bien déterminé (et aisément reconnaissable) et elle cadrait mal dans les catégories de céphalées établies à l’époque.

Qu’en est-il vraiment?

Les années qui ont suivi cette description initiale ont été marquées par une certaine controverse. S’agissait-il d’un type particulier de céphalée ou n’était-il pas plutôt question d’affections plus courantes comme la migraine ou des céphalées dites de tension pour lesquelles les patients n’avaient pas encore éprouvé l’ensemble des symptômes nécessaires à l’établissement d’un tel diagnostic? Avec le temps, il est apparu manifeste que le témoignage de nombreux patients ne pointait pas vers des affections plus courantes et qu’il fallait conserver une classification distincte qui allait devenir la céphalée chronique persistante de novo.

Critères de diagnostic

Dans la Classification internationale des céphalées, 3e édition (ICHD-3), la céphalée chronique persistante de novo est décrite comme suit : une céphalée présente depuis trois mois dont le début est distinct et clairement mémorisé, où la douleur devient continue dans les 24 heures suivantes, et qui ne correspond à aucune autre catégorie de céphalées2.

Cause de la céphalée chronique persistante de novo

La cause de cette céphalée est inconnue, mais quelques caractéristiques courantes ont été relevées auprès des patients. Rozen3 a fait état de son expérience avec ces derniers et a mis en lumière certains événements déclencheurs : des infections virales antérieures, des événements stressants ou des interventions médicales ou dentaires (en particulier si l’intervention nécessitait une intubation). Fait à noter, des cas de céphalée chronique persistante de novo ont été observés à la suite d’une infection à la COVID-19. Une étude italienne a également démontré que le taux de céphalée était plus de deux fois supérieur à celui attendu dans la population après l’administration de certaines préparations vaccinales contre la COVID-19. Cela dit, la plupart de ces patients ont été classés comme porteurs de céphalées ou de migraine, donc nous ne savons pas si certains d’entre eux répondaient aux exigences d’un diagnostic de céphalée chronique persistante de novo. Mattiuzzi, C and Lippi, C. Headache after COVID19 Vaccination: updated report from the Italian Medicines Database Agency. Neurol Science 42, 3531-3532 (2021)

État de la recherche

Il existe un sous-type de céphalée chronique persistante de novo caractérisée par une douleur très forte dès son apparition et qui est décrite comme une céphalée en coup de tonnerre. Les patients se présentent souvent à l’urgence, où ils sont soumis à une imagerie cérébrale afin d’écarter un scénario d’affection aiguë, comme une rupture d’anévrisme ou un blocage de veines cérébrales. De manière générale, l’imagerie cérébrale est recommandée chez la plupart des patients aux prises avec une céphalée chronique persistante de novo, même ceux dont les maux de tête n’ont pas débuté avec une douleur aiguë, car toute nouvelle apparition d’une céphalée, surtout si celle-ci ne cadre pas dans une catégorie courante, peut-être associée à des anomalies structurelles requérant une intervention particulière. D’autres investigations, comme des tests pour évaluer l’inflammation, peuvent être indiquées chez les patients de plus de cinquante ans. La pertinence de réaliser des tests pour détecter de récentes infections virales est moins fondée, quoique l’expérience récente avec la pandémie de COVID-19 pourrait en raviver l’intérêt.

Perspectives de soulagement

L’article fondateur de Vanast sur la céphalée chronique persistante de novo faisait état d’une évolution plutôt bénigne, alors que 78 % des patients se rétablissaient sans traitement dans les 24 mois suivants. D’autres études4 ont affiché des résultats moins encourageants, avec une rémission chez moins de 50 % des patients.

Traitements

Il n’existe pas d’études bien conçues (avec essai à l’insu ou essai comparatif avec placebo) sur les traitements auprès de personnes aux prises avec une céphalée chronique persistante de novo. Bon nombre de spécialistes des céphalées essaieront des traitements reposant sur les caractéristiques de la céphalée. Par exemple, même si le patient ne présente pas tous les symptômes nécessaires à un diagnostic de migraine, un traitement préventif contre la migraine peut être suggéré en présence de certains symptômes isolés comme la nausée.

Cela ne signifie pas pour autant que les médecins n’ont pas essayé différentes approches. Cinq jours de stéroïdes administrés par voie intraveineuse ont été essayés auprès de patients qui avaient souffert d’une infection antérieure (essai sans groupe témoin où, dans cinq cas sur neuf, le traitement a été initié quelques semaines après le début de la douleur, alors que le critère de diagnostic de la céphalée chronique persistante de novo est une douleur persistante sur une période de trois mois5).

Quelques bienfaits ont été observés avec l’utilisation du topiramate et de la gabapentine (dans de petites études, ici encore sans groupe témoin). Des interventions visant le blocage du nerf d’Arnold à l’aide d’un anesthésique local et de stéroïdes ont porté fruit chez près de 60 % des patients6, mais les « bienfaits » constatés dans une des études4 se limitaient à une seule journée de soulagement de la douleur. D’autres types d’intervention ont aussi été essayés, comme un traitement au Botox et l’administration intraveineuse de lidocaïne, avec des degrés de succès variables.

  1. Vanast WJ (1986) New daily persistent headaches: definition of a benign syndrome. Headache 26:317
  2. ICHD-3 website https://ichd-3.org/other-primary-headache-disorders/4-10-new-daily-persistent-headache-ndph/
  3. Rozen TD (2016) Triggering events and new daily persistent headache: age and gender differences and insights on pathogenesis-a clinic-based study. Headache 56(1):164–173
  4. Robbins MS, Grosberg BM, Napchan U, Crystal SC, Lipton RB (2010) Clinical and prognostic subforms of new daily-persistent headache. Neurology 74(17):1358–1364
  5. Prakash S, Saini S, Rana KR, Mahato P (2012) Refining clinical features and therapeutic options of new daily persistent headache: a retrospective study of 63 patients in India. J Headache Pain 13(6):477–485
  6. Puledda F, Goadsby PJ, Prabhakar P (2018) Treatment of disabling headache with greater occipital nerve injections in a large population of childhood and adolescent patients: a service evaluation. J Headache Pain 19(1):5

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