Migraine, tu peux partir

Par Alex DeSources • Le 7 novembre 2022


Marcher vers le flan de la vallée. Mes pas s’égarent dans les méandres de vos posts, dont le sujet est la douleur et le désarroi. Mais aussi l’espoir. Nos situations si complexes, si uniques, mais aussi si semblables. Nous les partageons.

Certes, nous plongeons tous un jour ou l’autre dans le puits de la douleur. Pour nous, elle vient et revient sans cesse.

Comment décrire ces phases et ces élans qui, tels des brisants, cassent les vagues se dressant devant nous et semblent vouloir nous écraser face à la vie?

Quel est ce courage qui nous pousse, malgré la tête et le corps fourbus, à nous lever, à travailler pour certains, à nous occuper de nos enfants, de nos animaux, d’entretenir nos amitiés? Quelle est cette force qui nous tient en vie?

Je n’ai qu’un mot à prononcer: le courage. Le courage d’espérer que demain sera finalement pas si mal et que l’on pourrait profiter des éléments: de l’eau que l’on boit, de la terre sous nos pieds, du vent sur notre visage, et plus rare maintenant, de la chaleur crépitante d’un bon feu de bois.

Dans mon coin, on peut encore en faire, du feu. Alors octobre devient le mois d’odeurs auxquelles le silence de la nature fait élégamment place. Si l’on y réfléchit, tout est vie autour de nous, tout est microparticule d’un tout impalpable et imperceptible. Dont nous.

Comme le courage qu’il nous faut pour rester loin de la souffrance et du désespoir.

Le désespoir pourrait être tellement présent dans nos vies. Rares sont ceux d’entre nous qui peuvent compter sur des proches non jugeants qui souhaitent véritablement comprendre notre réalité.  Ce qu’est cette maladie chronique qu’est la migraine et sa panoplie de symptômes.

Cette semaine, je lisais les posts de quelques-un·es d’entre nous qui se sont faits laisser, en partie à cause de cette maladie. C’est désolant, c’est source de peine et de colère.

Malheureusement, cette réalité ne concerne pas que les maladies chroniques. En effet, il n’est pas rare que devant un diagnostic de cancer, par exemple, les conjoints ou les conjointes désertent. Cela ne veut pas dire qu’ils ne nous aiment plus. Qu’ils nous laissent sur le bord du chemin. Bien plus que notre propre maladie, c’est la leur, éventuelle, qu’ils rejettent et/ou la perte de plaisirs au quotidien.

C’est également la peur, souvent, très souvent, de vivre eux-mêmes ces pertes d’autonomie un jour. Comment réagirions-nous à leur place devant eux s’ils avaient cette maladie? Bien sûr, sans que nous l’ayons expérimenté avant? Nul ne sait comment il agira face à une maladie de cette ampleur.

Enfin, c’est comme cela que je choisis de voir les choses. J’ai peut-être tort.

Avant de les juger, assumons notre privilège d’être autant confrontés à nous-mêmes. Disons-nous que notre douleur physique nous entraîne à dépasser notre douleur morale ou psychologique. Essayons de ne pas tomber dans le piège du désespoir et de la colère, même si c’est facile à dire et que c’est une phase inévitable du deuil de soi. Assumons notre courage! Assumons notre détermination.

Je me demande parfois si, au fond, ce qui nous rassemble autour de ce courage qui nous anime n’est pas l’Amour. Pas le « petit amour ». Mais l’Amour au sens noble de partager un destin commun, et de savoir mieux que quiconque que chaque parcelle de vie est un cadeau dont nous savons profiter, dont nous pouvons malgré tout profiter. Regardons les magnifiques photos de Maryse Loranger, ses textes aussi! Goûtons chaque vidéo de Zozée Cruchon comme des havres au sein de nos journées un peu plus sombres.

Nous sommes tous des voyageurs solitaires. Chaque crise nous renforce pour faire face à la rudesse des éléments. Chaque crise nous aide à développer ce sentiment très bizarre de faire communauté à travers un médium qui déclenche chez plusieurs des crises aiguës. Dont moi.

Alors, marchons, marchons mes ami·es! Dépassons ces rigidités physiques ou psychologiques! Marchons ensemble!

————

Incandescente

Luminescente

Tourbillon d’étoiles

Tableau fauviste obscurci

Mes yeux s’enflamment

Je cherche la nuit

Amie fidèle

Près de toi, mon ouïe s’apaise

Près de toi, j’entends les cigales éternelles

Elles me chantent un été permanent

Seul mon corps les perçoit

Comme cette marche d’enivrée

Qui malmène ta présence

Migraine, tu peux partir

 

Pour lire d’autres poèmes d’Alex DeSources :

S’abonner
Avisez-moi lors de
guest

4 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
Mélissa
Mélissa
il y a 1 année

Quel magnifique texte!!

Alex DeSources
Alex DeSources
il y a 1 année
En réponse à  Mélissa

Merci 🥰

Maryse Bonsaint
Maryse Bonsaint
il y a 1 année

Merci pour ton beau texte 🧡 une chance qu’on s’a

Maryse
Maryse
il y a 1 année

Ouf, tu m’as eu là. Je suis émue et le coeur dans l’eau. Merci de parler du courage, de notre force et de cet Amour. Quelle plume magnifique. Merci Alex.