Attention : Ce texte traite de suicide
On m’a déjà dit que la vie ne nous donne que les épreuves que l’on peut supporter. Je ne suis pas Hercule et je peux dire que le poids des épreuves est parfois trop lourd à porter, surtout quand on se sent aussi «hot» qu’un gros zéro. J’ai donc eu mes moments de flirt avec l’envie d’en finir, mais je suis encore là et bien en vie.
La dépression
Des dépressions majeures, j’en ai fait plusieurs. J’ai un bagage familial qui me rend plus susceptible de rechuter, en plus de tous les événements de la vie. Je pourrais vous raconter toutes les fois où j’ai perdu pied, mais au fond ce qui compte vraiment est d’expliquer comment on peut se sentir, pour sensibiliser ceux qui ne comprennent pas que le désespoir fait mal.
La dépression est sournoise parce qu’elle n’arrive pas d’un coup, mais très graduellement et affiche différents visages, pas seulement la tristesse. Que ce soit la maladie, les douleurs chroniques, le deuil d’un proche ou d’un animal, la naissance d’un enfant, un déménagement, une perte d’emploi, une rupture, l’intimidation, les échecs, la violence conjugale, la ménopause ou l’andropause, la vieillesse, et combien d’autres situations.
Pour ma part, la maladie d’un proche, la naissance de ma fille, un gros déménagement et le travail ont permis à la dépression de venir me visiter…souvent. Ceux qui n’ont jamais été en contact avec le côté sombre de la vie peuvent avoir une grande facilité à minimiser ce genre de situation.
- « Arrête de t’en faire, ta mère va aller mieux. » Je répondrais : oui, elle ira mieux, mais pour le moment, elle va mal et j’en suis grandement affectée.
- « Tu n’as pas de raison de pleurer, arrête de t’apitoyer sur ton sort, tu as un beau bébé en santé. » C’est vrai, elle est un petit rayon de soleil, mais le post-partum, m’empêche d’apprécier ce beau moment de bonheur.
- « Tu devrais être contente, tu es revenue dans la région. » C’est vrai, je suis privilégiée de revenir dans mon coin de pays, mais disons que les circonstances de ce déménagement étaient loin d’être idéales.
- « Tu es chanceuse, tu fais ce que tu aimes dans la vie. Y a combien de personnes qui n’ont pas d’emploi? » Je suis entièrement d’accord, mais quand tu penses ne pas pouvoir faire autre chose dans la vie, que tu as l’impression de ne plus faire la différence et que tu ne te sens plus à la hauteur, tu te sens perdu.
Graduellement, on perd l’envie de faire les choses qu’on aimait tant faire. On est d’humeur morose, mais on se dit que ça va passer. On dort moins bien ou trop longtemps, peu importe, on se sent fatigué, la vie commence à être lourde. On a la larme à l’œil facilement « Ben voyons, qu’est-ce qui m’arrive? Je dois manquer de soleil. » Peu à peu, on perd toute motivation : faire son lit c’est déjà trop, pire encore, prendre sa douche, s’habiller et se faire à manger. On voudrait rester sous la couette et ne pas en sortir. Disons que la vie est gris…foncé. Puis de drôles d’idées nous passent par la tête :« Je ne sers à rien, je suis juste un paquet de problèmes pour mes proches, ils seraient mieux sans moi. »
Le suicide n’est pas une question de courage ou de lâcheté, c’est une démonstration de souffrance Pour ma part, je n’ai jamais fait de réelle tentative, tout est resté dans ma tête. Pourquoi?
Parce que j’ai une fille, des frères, une sœur et des amis. Je dois me rappeler que tout ce beau monde-là m’aime et tient à moi. Que si je disparais, je changerais leur vie à tout jamais et pas de façon positive!
Comment je m’en suis sortie?
- J’ai demandé de l’aide, j’ai vu mon médecin et j’ai accepté de prendre une médication pour aller mieux. Si mon bras était cassé, je porterais un plâtre, c’est la même chose pour notre tête quand elle va mal.
- J’ai trouvé une psychologue qui m’a beaucoup aidée. C’est très difficile de demander de l’aide, mais il faut parler à un·e professionnel·le, quand notre côté sombre prend trop de place.
- Je me fixais des minis objectifs : parfois, c’était juste faire mon lit. Au moins une chose à accomplir par jour : prendre ma douche, m’habiller, me coiffer, me maquiller… c’est bon pour le moral.
- J’en ai profité pour penser à moi, aller marcher, lire, faire des choses que j’aime.
Même si c’est loin d’être évident, la dépression est souvent un tremplin vers quelque chose de mieux, on apprend à se redécouvrir.
Si tu as mal, parles à quelqu’un en qui tu as confiance, ne restes pas seul. La souffrance s’éteint avec le temps et le soleil se remet à briller. Aie confiance, je te le dis.
Ressources de prévention du suicide
- Québec : Suicide.ca1 866 APPELLE (277-3553)Texto : 535353
- Ailleurs au Canada : Services de crises du Canada
- France : Infosuicide.org
- Belgique : Centre de prévention du suicide
- États-Unis : National Suicide Prevention Lifeline
- Suisse : Stop Suicide
- Québec : Suicide.ca