Je fais partie de ceux et celles qui pensent fermement que notre corps nous parle. Personnellement, j’ai employé mon corps pendant des années dans le seul but de m’exprimer. Que ce soit par la danse classique ou contemporaine, par la danse libre ou créative, mon corps a constamment su comment se décharger de ses tensions, de ses carcans et de ses émotions. J’ai toujours ressenti un grand calme de corps et d’esprit suivant une bonne séance de mouvements libres me défoulant physiquement, mentalement et émotionnellement au rythme de la musique et de l’absence complète de critique intérieure. Quel calme et quelle belle paix intérieure! Mais surtout quelle fabuleuse sensation de liberté d’être soi à 100%!
Et un jour, on entendit un conte raconté candidement entre deux petites valses: « Il était une fois, la migraine. Sa venue au royaume du bonheur et de la liberté fut remarquable. D’une telle intensité avec une fréquence à se frapper la tête sur les murs, elle n’aurait pu se manifester de façon plus dramatique. Mais voilà qu’elle a changé ma vie…»
Aujourd’hui, je vous emmène dans les sentiers de ma quête de sens. Mais vous êtes unique et votre corps vous parle certainement de façon aussi unique que chaque resto italien a sa recette de gâteau tiramisu. On déguste ensemble?
Petite histoire du passé
Pendant plusieurs années, la danse contemporaine fut mon refuge pour communier au plus profond de moi-même lors des moments de peine, de déception, de solitude et de détresse. Lorsque je sentais mon cœur battre si fort qu’il engendrait une course effrénée d’énergie négative entre mes veines, je savais que mes émotions étaient en train de prendre le contrôle sur moi, ce qui pouvait me faire prendre de très mauvaises décisions sur un coup de tête. Une impulsion, un appel à l’action de retrait pour faire taire la souffrance. S’autoéliminer pour ne plus ressentir les remous naissants et virevoltants se fracassant dans mon estomac. Disparaître du portrait pour effacer un peu la misère mise à nue, le temps de reprendre mes esprits à l’aide de ma nourriture invisible, mais tellement puissante, la connexion avec moi-même dans sa forme la plus pure, le mouvement.
Puis un jour, j’ai arrêté de danser, car j’étais blessée. Puis, ce qui m’a semblé le jour suivant est apparu dans ma vie, la migraine chronique. Puis, au 3e jour, la glissade dans cette spirale vers le bas, vers la noirceur, toujours, et encore plus bas. Mon corps a lâché sous la pression des polluants extérieurs, des produits toxiques composés de mépris, des demandes de perfection, des attentes trop élevées pour mes propres ressources. Des stress à répétition sur de très longues périodes. Et bien quand c’est toute sa vie qui tombe à l’eau avec son corps brisé en miettes, on peut se dire chanceux de ne pas avoir craqué en tombant dans les dépendances comme l’alcool, les drogues, le jeu…oh, mais attendez. C’est juste parce que la migraine est déclenchée automatiquement par l’alcool que j’en consomme avec parcimonie. Même chose pour les drogues. Et le jeu…les écrans…on n’y pense même pas quand on vit avec la migraine. Mais il y a d’autres dépendances. Je laisse cette partie à votre imagination.
On trouve toujours quelque chose pour compenser nos misères. Ça parait mieux de dire que ma dépendance était la danse. C’est joli et c’est bien propre. Mais en creusant, d’autant plus qu’il y a quelques années je ne pouvais plus danser, je me suis rendu compte que la danse était MA façon de me faire apprécier, de recevoir une attention positive de mes pairs, de m’exprimer en toute impunité, d’obtenir un peu d’amour émanant du regard de l’autre. Mon identité reposait sur cette image telle une valeur ajoutée. La femme qui danse. Mais une fois qu’elle ne danse plus, qu’arrive-t-il? Je vous laisse deviner: “Il était une fois, la migr….”
L’enseignement du présent
La question qui se pose c’est : à quoi sert toute cette misère avec la migraine? Est-ce qu’il y a quelque chose que je dois comprendre? Est-ce que c’est mon corps qui réagit? Est-ce que c’est mon esprit qui déclenche le tout? Les deux assurément puisque l’un ne va pas sans l’autre. C’est un fait incontestable.
Finalement, quel est l’enseignement?
Depuis peu, je me rends compte de l’effet de certaines situations sur moi. Mes émotions ne se cachent plus, car je n’ai plus mon exutoire d’autrefois. N’ayant plus ma «drogue», les émotions s’expriment par une crise de migraine, ou si j’ai un peu de chance, une céphalée de tension (je dis par chance car je réussis nettement mieux à gérer la céphalée dès les premiers symptômes que la migraine). Je leur fais face maintenant. La femme qui danse est devenue la femme qui parle. La communication est ma meilleure alliée pour désamorcer des pensées encombrantes provoquant des émotions nuisibles.
La respiration est le centre des commandes. Je me ramène très souvent dans ma respiration pour gérer les sentiments d’anxiété, d’incertitude, d’agacement, de peur ou de tristesse. Mais ce sont des solutions que je prends dans l’immédiat.
L’enseignement, il est là. Dans les silences entre deux respirations. Dans les silences entre les mots qui meublent la conversation. Dans la sensation physique, viscérale et émotionnelle qui me prend dans ses bras. La sensation vient d’un passé, de mon enfance, d’un trauma. Mes crises de migraine sont mes réactions d’autoprotection. L’enseignement est là bien présent dans mon corps. C’est une façon pour mon corps de dire NON et de m’informer de ne pas passer à côté de cette opportunité de rééquilibrer mon énergie vitale en disant simplement NON…à une situation qui ne me convient pas. On est si conditionné à plaire, à dire «oui, OK, à sauver les meubles, même à ses dépens. Depuis quand devons-nous faire plaisir aux autres en mettant notre santé à prix?
En fait, quand une crise de migraine survient, on a le pouvoir de la considérer comme une nuisance et un besoin de s’en débarrasser comme un ennemi à combattre. Ou nous pouvons nous dire que c’est ICI et MAINTENANT. On la regarde, on l’observe avec calme et en se posant la vraie question, on peut obtenir la vraie réponse. Qu’est-ce qui dérange mon calme intérieur? Réponse…à méditer.
En tant que personne qui vit avec la migraine, je continue les traitements qui me sont proposés et je fais de mon mieux pour guérir. Mais dans le cadre de ce chemin vers cette guérison, je me pose régulièrement cette question à savoir « qu’est-ce que les enseignements que je reçois signifient sur ma vie et mes relations et surtout sur la façon que j’ai de me voir, de me respecter, d’évoluer et de me traiter? »
Créons notre futur
C’est avec notre esprit que nous créons le monde.
-Buddha
Parmi les enseignements que je reçois à chaque crise de migraine, il y a cette idée comme quoi je ne réagis pas à ce qui se passe, mais bien à ma perception de ce qui se passe. À partir du moment que je peux accepter ça de moi, je suis aussi plus apte et indulgente à comprendre l’autre.
Malgré le gros travail à faire pour accepter ce qui est, dans mon cas, la peur, et à laisser tomber l’idée que je dois être plus, plus, plus, pour être appréciée ou aimée, je peux faire de l’espace en moi. Un espace pour accueillir la peur, simplement en me disant que j’ai assez grandi pour la recevoir. Peut-être puis-je la laisser être, un peu comme on laisse un enfant se calmer doucement, l’entourer de mes bras pour la rassurer. Lui dire qu’elle est au bon endroit jusqu’à ce que sa présence s’estompe paisiblement.
Pour terminer, j’aimerais ajouter que c’est par une démarche dynamique de confrontation avec la vérité que les solutions surgissent. Les traumas du passé entraînent une répression permanente des émotions, une énorme dépense d’énergie pour ne pas ressentir la souffrance du passé. Je crois qu’au fur et à mesure que nous reconnaissons nos misères et cette énergie pour les réprimer, cette même énergie redevient disponible pour nous, pour notre vie ICI et MAINTENANT.
L’énergie des émotions passées peut être transformée en énergie de VIE.
Avec douceur,
Maryse
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Bonjour Louise, merci pour ton commentaire rempli de vérité. J’ai commencé par changer bien des aspects de ma vie pour me sentir mieux et réussir à vivre mieux. Au bout de tous ces changements, ma vie est devenue meilleure et davantage en harmonie avec ma vraie nature. Toutefois, serais-ce possible que ce que l’on identifie comme « toucher le fond » ou un échec n’est qu’une expérience humaine de plus pour trouver son chemin. Il n’y a pas d’échec comme dit Eckhart Tolle. L’échec serait juste une idée que l’égo se fait de qui nous sommes supposé être. Ça fait du bien de voir nos choix de vie de cette façon! 🙂
Douce journée Louise!