Mieux vivre avec la migraine

 

Lorem
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J'ai mal, mais je souris

Par Kim V.

 

Vous voyez ces trois femmes qui semblent avoir beaucoup de plaisir? Eh bien, quand j’ai une migraine, je pourrais être l’une d’entre elles. Je vous entends déjà dire: « quand j’ai mal au crâne, rire est bien la dernière chose que j’ai envie de faire ». Et je vous répondrai : moi de même. Quand on a l’impression d’avoir le trafic et les travaux de réfection du tunnel Ville-Marie dans la tête, on n’a pas le cœur à rire c’est certain.

Habituellement, quand je peux, j’évite de sortir si j’ai une migraine, je m’isole. Je reste seule le plus possible, pas seulement parce que je veux me couper des différents stimuli qui pourraient aggraver ma souffrance, mais aussi parce que je ne veux pas imposer mon état aux autres. Par contre, il faut bien aller au boulot pour payer les factures.

Il est déjà assez pénible de vivre avec les migraines, ce mal qui nous  empoisonne la vie et que nous sommes les seules à ressentir, parce que pour les autres, on n’a pas l’air malade.

Il est vrai que souvent je n’ai pas l’air malade, parce que je fais tout ce que je peux pour que personne ne sache que je ne vais pas bien, j’essaie de fonctionner comme d’habitude.

Pourquoi je fais ça, me direz-vous. Je le fais sans trop m’en rendre compte. Parce que ça fait partie de mon éducation, parce que je ne veux pas faire pitié et attirer l’attention. Seulement ceux qui me connaissent très bien savent reconnaître les signes qui trahissent mes migraines.

Mais, il y a certaines personnes qui comprennent, soit parce qu’elles sont accablées du même mal ou tout simplement parce que certaines personnes sont plus douées pour l’empathie que d’autres. Ce sont pour elles que je ris, que je souris, ces personnes qui voudraient tellement apaiser mes souffrances. Ceux-là qui veulent aider: veux-tu un verre d’eau? On va parler moins fort, je vais fermer les rideaux. As-tu faim? Veux-tu que je te masse le cou? Celles-là, des p’tites perles, t’sais… des vrais  «Moms ». Elles se sentent impuissantes devant la souffrance et c’est la dernière chose que je veux.

J’ai aussi été élevée comme ça: «C’est pas parce qu’on se plaint que ça fait moins mal.» Ma mère ne se plaignait pratiquement jamais, pourtant elle connaissait très bien la souffrance, tant physique que psychologique. J’ai eu l’exemple parfait, j’ai enregistré le message il y a très longtemps. Ce qui fait que la majeure partie du temps, je vais travailler quand même, je travaille à l’ordi, je rencontre des gens en intervention, je vais à mes réunions, je respecte autant que possible mes engagements. Il y a juste chez moi que je me permets de souffrir en paix, je ne m’oblige à rien, que ce soit de parler à qui que ce soit ou de choisir de manger ou pas. Je fais confiance à mon intuition, elle me guide vers ce  qui me fait du bien.

Je sais que je devrais arrêter de faire semblant que tout est « tiguidou »  quand au contraire, j’aurais plutôt envie d’un bon coup de masse sur le crâne pour arrêter d’avoir mal. Je devrais me prioriser et si les autres veulent être à mon service pour m’aider, je devrais accepter sans m’obstiner et simplement dire merci. Mais les vieilles habitudes ont la vie dure.

Accepter l’aide… plus facile à dire qu’à faire!

Accepter de laisser quelqu’un prendre soin de moi est un grand tour de force, plusieurs personnes autour de moi pourraient en témoigner, j’ai la tête un peu dure. J’ai peur de déranger, de prendre trop de place et je me sentirais tellement coupable, si une personne bienveillante et aimante changeait ses plans pour choisir de prendre soin de moi. Parce que ma réplique est toujours la même: « Ça va être correct, ça va passer. »  Je ne vois pas pourquoi je mériterais toute cette attention.

J’ai toujours priorisé les autres bien avant moi, je le fais sans m’en rendre compte. Je prends soin des autres dans ma vie personnelle et j’ai choisi un travail qui m’amène à faire preuve de bienveillance. Je crois qu’il serait bien difficile d’inverser les rôles et de laisser les autres prendre soin de moi, je pense toutefois que je me suis un peu améliorée. Je suis capable, parfois, quand je suis à bout, d’accepter de me laisser soigner…un peu.

Que l’on accepte de se laisser soigner ou que l’on choisisse de ne déranger personne, nous sommes tous vulnérables devant la maladie, peu importe de quelle maladie il est question. Le principal est de diminuer, idéalement d’arrêter la souffrance et de trouver ce qui nous aide à aller mieux. Il y a une partie de moi qui trouve du réconfort à raconter des blagues et faire rire mon entourage quand j’ai une migraine, même si elle est intense, parce que faire rire les autres, pour moi…c’est aussi prendre soin d’eux.

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