Mieux vivre avec la migraine

 

Céphalée chronique
persistante de novo

Un article de Dr Liam Durcan, neurologue et spécialiste en médecine des céphalées

Nous devons la première description de ce qui allait prendre le nom de céphalée chronique persistante de novo (new daily persistent headache) au neurologue canadien Walter Vanast, en 1986. Il était alors question d’une céphalée qui se distinguait par deux éléments particuliers : elle apparaissait à un moment bien déterminé (et aisément reconnaissable) et elle cadrait mal dans les catégories de céphalées établies à l’époque.

Qu’en est-il vraiment?

Les années qui ont suivi cette description initiale ont été marquées par une certaine controverse. S’agissait-il d’un type particulier de céphalée ou n’était-il pas plutôt question d’affections plus courantes comme la migraine ou des céphalées dites de tension pour lesquelles les patient·es n’avaient pas encore éprouvé l’ensemble des symptômes nécessaires à l’établissement d’un tel diagnostic? Avec le temps, il est apparu manifeste que le témoignage de nombreux patient·es ne pointait pas vers des affections plus courantes et qu’il fallait conserver une classification distincte qui allait devenir la céphalée chronique persistante de novo.

Critères de diagnostic

Dans la Classification internationale des céphalées, 3e édition (ICHD-3), la céphalée chronique persistante de novo est décrite comme suit : une céphalée présente depuis trois mois dont le début est distinct et clairement mémorisé, où la douleur devient continue dans les 24 heures suivantes, et qui ne correspond à aucune autre catégorie de céphalées.

Cause de la céphalée chronique persistante de novo

La cause de cette céphalée est inconnue, mais quelques caractéristiques courantes ont été relevées auprès des patient·es.

Rozen a fait état de son expérience avec ces derniers et a mis en lumière certains événements déclencheurs : des infections virales antérieures, des événements stressants ou des interventions médicales ou dentaires (en particulier si l’intervention nécessitait une intubation). 

Fait à noter, des cas de céphalée chronique persistante de novo ont été observés à la suite d’une infection à la COVID-19. Une étude italienne a également démontré que le taux de céphalée était plus de deux fois supérieur à celui attendu dans la population après l’administration de certaines préparations vaccinales contre la COVID-19. Cela dit, la plupart de ces patient·es ont été classé·es comme porteur·euses de céphalées ou de migraine, donc nous ne savons pas si certain·es d’entre eux·elles répondaient aux exigences d’un diagnostic de céphalée chronique persistante de novo.

État de la recherche

Il existe un sous-type de céphalée chronique persistante de novo caractérisée par une douleur très forte dès son apparition et qui est décrite comme une céphalée en coup de tonnerre. Les patient·es se présentent souvent à l’urgence, où ils·elles sont soumis·es à une imagerie cérébrale afin d’écarter un scénario d’affection aiguë, comme une rupture d’anévrisme ou un blocage de veines cérébrales. De manière générale, l’imagerie cérébrale est recommandée chez la plupart des patient·es aux prises avec une céphalée chronique persistante de novo, même ceux·celles dont les maux de tête n’ont pas débuté avec une douleur aiguë, car toute nouvelle apparition d’une céphalée, surtout si celle-ci ne cadre pas dans une catégorie courante, peut-être associée à des anomalies structurelles requérant une intervention particulière. D’autres investigations, comme des tests pour évaluer l’inflammation, peuvent être indiquées chez les patient·es de plus de cinquante ans. La pertinence de réaliser des tests pour détecter de récentes infections virales est moins fondée, quoique l’expérience récente avec la pandémie de COVID-19 pourrait en raviver l’intérêt.

Perspectives de soulagement

L’article fondateur de Vanast sur la céphalée chronique persistante de novo faisait état d’une évolution plutôt bénigne, alors que 78 % des patient·es se rétablissaient sans traitement dans les 24 mois suivants. D’autres études ont affiché des résultats moins encourageants, avec une rémission chez moins de 50 % des patient·es.

Traitements

Il n’existe pas d’études bien conçues (avec essai à l’insu ou essai comparatif avec placebo) sur les traitements auprès de personnes aux prises avec une céphalée chronique persistante de novo. Bon nombre de spécialistes des céphalées essaieront des traitements reposant sur les caractéristiques de la céphalée. Par exemple, même si le·la patient·e ne présente pas tous les symptômes nécessaires à un diagnostic de migraine, un traitement préventif contre la migraine peut être suggéré en présence de certains symptômes isolés comme la nausée.

Cela ne signifie pas pour autant que les médecins n’ont pas essayé différentes approches. Cinq jours de stéroïdes administrés par voie intraveineuse ont été essayés auprès de patient·es qui avaient souffert d’une infection antérieure (essai sans groupe témoin où, dans cinq cas sur neuf, le traitement a été initié quelques semaines après le début de la douleur, alors que le critère de diagnostic de la céphalée chronique persistante de novo est une douleur persistante sur une période de trois mois).

Quelques bienfaits ont été observés avec l’utilisation du topiramate et de la gabapentine (dans de petites études, ici encore sans groupe témoin). Des interventions visant le blocage du nerf d’Arnold à l’aide d’un anesthésique local et de stéroïdes ont porté fruit chez près de 60 % des patient·es, mais les « bienfaits » constatés dans une des études se limitaient à une seule journée de soulagement de la douleur. D’autres types d’intervention ont aussi été essayés, comme un traitement au Botox et l’administration intraveineuse de lidocaïne, avec des degrés de succès variables.