Par Marie-Claude Benoit
Le temps des fêtes étant propice aux changements de routine, au stress et au manque de sommeil, la migraine en profite pour s’y faufiler en douce, dans le but de m’empêcher de m’en réjouir pleinement. La laisserai-je gagner?
Changements de routine
Pour éviter qu’elle ne se pointe trop souvent et trop intensément, j’observe toute l’année scrupuleusement ma routine quotidienne :
- Lever et coucher à la même heure ;
- Repas réguliers, sans parler de la surveillance méticuleuse de ce que j’avale ;
- Repos, voire sieste, pendant la journée, si possible ;
- Horaire pas trop chargé ;
- Et j’en passe.
Vous avez sûrement, vous aussi, vos trucs, vos habitudes qui peuvent paraître zélées aux personnes autour de vous ne vivant pas avec la migraine chronique. Je dis parfois que j’agis comme une sainte. Si ces crises de migraine pouvaient prendre congé et faire fi d’une dérogation à ces règles rigides qui rythment mes jours pendant le temps des fêtes, quelle belle pause annuelle ce serait!
De plus, profiter des moments où je retrouve mes proches dans une ambiance festive pourrait se vivre sans douleur et sans crainte de la voir se pointer. Sans me méfier du « dangereux » buffet rempli de victuailles appétissantes, soit, mais au potentiel migraineux élevé.
Mais non!
Évidemment, ce n’est pas tout à fait la façon dont ça se passe dans mon vrai monde. La migraine ne prend pas de vacances. Et exploite impunément les miennes pour s’en donner à cœur joie. Des déclencheurs, elle n’en manque pas. Et mon épuisement qui s’accumule, d’un party à l’autre, ouvre grand une porte à l’intruse.
Ma fatigue est proportionnellement reliée à la multiplication des soirées… même pas bien arrosées, dans mon cas! Le lendemain, tout ce qu’il me reste de cette abstinence, c’est souvent, ironiquement, la gueule de bois. Bruit, lumière, conversations incessantes, nourriture en trop grande quantité, sans oublier que tout ça s’étire parfois jusqu’au petit matin. Voilà l’invitation à la migraine d’entrer sans cogner.
Et sans même avertir
Je ne suis pas fréquemment épargnée de cette convive que je suis la seule à « voir ». Vous savez, ce moment où la fête bat son plein? Sans moi, car je suis dans ma tête. À me demander quel antalgique me débarrassera de ce cadeau empoisonné sans trop m’amortir. Après tout, la soirée n’est pas finie pour autant et j’ai envie d’en profiter pleinement, au même titre que les autres.
Malheureusement, le désagréable intermède qui m’est imposé peut durer plus de temps que souhaité ou ne tout simplement pas se terminer. Alors quelle est la solution?
Comment s’en sortir?
- Écourter la soirée? À n’adopter qu’en cas de force majeure, quand je n’ai plus aucun agrément et que je n’ai, de toute façon, que l’envie de poser ma tête endolorie sur mon oreiller.
- Continuer à piger dans ma pharmacie mobile (celle qui ne me quitte jamais, sous peine de «panique»!)? La façon dont je procède peut étaler le processus sur plusieurs heures… Prendre un nouveau médicament, compatible avec le précédent, chaque heure où le traitement ne fonctionne pas. Tout ça afin de prolonger le bonheur de tirer parti de l’ambiance festive. Je dois ici utiliser, de pair avec cette alternative, la prochaine suggestion.
- Rester zen? Eh oui, c’est parfois l’option qu’il faut choisir, dans la mesure du possible. Oublier, ou du moins, se dissocier de cette douleur, et profiter de la soirée. Plus facile à dire qu’à faire, je vous le concède. Certain·e·s y arrivent, d’autres pas. L’intensité de la douleur et les symptômes associés variant d’une fois à l’autre, une volonté de fer devient de temps en temps nécessaire!
Quand je n’en peux plus
Un party de bureau, un entre ami·e·s, dans une famille le 24 décembre, dans une autre le 25, rebelote la veille du Nouvel An et le premier jour de l’année. Et les autres, parmi tous ceux-là, improvisés à la dernière minute. Des vacances des fêtes pas du tout reposantes.
Quand je pense que le commun des mortels lui-même serait de cet avis, je me dis que je voudrais bien me retrouver dans leur situation. Quelques heures de sommeil à rattraper et hop! Sur le piton pour retourner au boulot parfaitement revigoré.es.
Pour moi, c’est plutôt toute une gestion. Prévoir assez de repos, me permettant quelques siestes si nécessaire, est primordial. M’informer des repas servis (et des ingrédients utilisés) est fait dans la mesure du possible. Et que faire de tout ce stress, non étranger aux crises se produisant inopinément? Comment retourner au travail frais et dispos? Des semaines me sont souvent requises pour redevenir totalement fonctionnelle.
J’ai beau vouloir garder le contrôle, cette période de l’année est propice au chaos. Je ne me souviens pas d’avoir refusé une invitation, mais à certaines occasions, peut-être aurais-je dû. Difficile de décliner certaines sollicitations chaleureuses de nos proches. Je choisis ceux que j’aime, au détriment de mon bien-être, tout ça par culpabilité. Mais je me dis parfois : « de toute façon, j’ai mal à la tête ». Reste à me demander si je veux être seule ou en bonne compagnie pour le supporter. Alors, pourquoi pas? Après tout, « ça arrive rien qu’une fois par année ».
J’avoue toutefois que le niveau d’aisance est variable. Selon que l’on opte entre vivre sa migraine en groupe ou dans le confort de son foyer. Cette dernière option étant plus propice à un prompt rétablissement. L’intensité de la crise détermine si l’isolement est de mise.
Pandémie oblige, les deux dernières années furent moins riches en rassemblements. Même si le fait de passer Noël sans certains de mes proches fut difficile à accepter, ma routine beaucoup moins perturbée m’a certainement épargné quelques souffrances. Je ne sais pas pour vous, mais je suis quand même heureuse de recommencer à vivre un temps des fêtes à peu près normal. Car après tout, avec les années, j’arrive de plus en plus à profiter de cette période festive avec contrôle et sérénité.
Je vous souhaite un joyeux temps des fêtes et une nouvelle année où madame la migraine sera plus subtile dans votre vie.